Magazine Culture

Impression à chaud : Pain Jerk

Publié le 02 février 2009 par Reyep

Vendredi 30 janvier, une bien belle journée dans la vie d'un noiseur
Mon cher blog d'amour, comme tu peux le découvrir dans le titre que je viens de te taper en en-tête, vendredi dernier fut une journée à marquer d'une pierre blanche dans le petit agenda de mon existence.
C'était le jour où devait se produire en concert le noise terrorist Pain Jerk, aux Instants Chavirés de Montreuil, mais c'était aussi celui d'un appel téléphonique : « Tiens, Masaya Nakahara est à Paris, il va se faire interviewer publiquement par Les Inrocks à l'Auberge St Roch près de Junku. ». Moi, interloqué :
« Ah bon ? Quand ?
- Aujourd'hui à 16 heures ».
Ah, c'était pas vraiment prévu au programme, j'ai des trucs importants à faire, mais me rendre à l’hôtel St Roch, ça aussi c'est important.
Ni une ni deux, me voilà pile poil à l'heure devant une petite auberge rustique que j'aurais mis du temps à trouver la coquine, et qui m'auras faite un peu paniqué pour l'occasion. A l'intérieur, une audience d'une dizaine de personnes, à 90% japonaise (fais le calcul petit blog), placées en arc de cercle autour de Julien Gester, journaliste aux Inrocks, et Masaya Nakahara, tête pensante des projets noise Violent Onsen Geisha et Hair Stylistics, critique de cinéma, romancier, et également acteur à ses heures perdues. Pendant deux heures, il va nous parler avec grand humour de sa musique, de son goût pour le cinéma, de Tom Cruise, de son dernier ouvrage primé au Japon, de sa fainéantise (« je suis fainéant, c'est pour ça que j'ai choisi de composer et d'écrire, pour ne pas travailler ». Peu sont ceux qui oseraient le dire) et surtout ne pas arrêter de répondre à côté des questions d'un Julien Gester visiblement déboussolé et désespéré.
Fin de l'entrevue, nouvelle mission : se précipiter à Montreuil, aux Instants Chavirés.
Birds of Delay, un duo londonien pour qui paresse est aussi un mot d'ordre, ouvre le bal de la soirée. Sur une bande-son entièrement composée du mot « Snap », perpétuel, envahissant, abrutissant, violent, déclamé selon un débit assez soutenu, les deux compères s'installent à une petite table et jouent durant trente minutes à un jeu de cartes aux règles obscures, émettant de temps en temps un « Snap ! » de vive voix. La bande-son s'arrête, le duo se retire. De l'imposture à l'état pur! Mais les gars ont osé, et il faut dire que leur "musique" jusqu'au-boutiste dans le minimalisme, est bien plus insoutenable que n'importe quelle autre composition noise.
Le deuxième groupe, Emeralds, composé de trois Américains étonnamment jeunes, propose à l'aide d'une guitare et de deux séquenceurs une musique noise/drone/ambient psychédélique et hypnotisante à souhait. Les teens ont très visiblement un énorme bagage technique et culturel derrière eux. Une excellente surprise, à surveiller de près.
Le clou de la soirée est toutefois notre Japonais Pain Jerk, un noise killer dans la plus pure tradition merzboïenne. Après un petit problème technique et une cascade non préméditée (ces câbles qui traînent partout aussi...), il se met instantanément à la tâche en nous balançant durant une heure non-stop des tonnes de tôle en fusion à travers les oreilles. Je m'étais toujours demandé comment trémousser son corps sur une telle musique. Faire du headbang ? De la break-dance ? Du parapara ? En observant un petit groupe d'irréductibles noiseurs présents à tous les bons concerts, j'eus la réponse à ma question ce soir-là : du bon gros pogo de chez mosh pit pardi.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Reyep 25 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte