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Il faut rendre à César...

Publié le 01 février 2009 par Boustoune

 

Ca m’agace de lire ou d’entendre toutes les critiques formulées sur les nominations aux Césars, et notamment sur l’absence du Bienvenue chez les Ch’tis de Danny Boon dans les catégories principales. Et chacun d’y aller de sa diatribe contre les membres de l’Académie, c’est-à-dire les professionnels du cinéma français, trop élitistes, coupés des réalités, et de vanter le bon goût de leurs homologues hollywoodiens, qui d’ailleurs vont réaliser le remake du « chef d’œuvre » de Boon…

Nombreux sont ceux qui reprochent au cinéma français son intellectualisme forcené, son rejet des films populaires qui remplissent les salles obscures, comme si le fait d’avoir du succès était une tare.

 

Et cette année, ils n’hésitent pas à trouver l’exemple qui appuie leur opposition Césars/Oscars : En France, Bienvenue chez les Ch’tis – plus gros succès de tous les temps pour un film français - doit se contenter d’une seule petite nomination dans la catégorie « scénario » des Césars alors que l’autre poids lourd du box-office, le Dark knight de Christopher Nolan, a ses chances dans huit catégories, avec possibilité d’un prix d’interprétation posthume pour Heath Ledger… Et même si l’on objecte que la quasi-totalité de ces nominations concernent essentiellement des catégories techniques (maquillage, effets visuels ou sonores, montage…), les partisans du cinéma « grand public » répliquent en rappelant que les gros films en compétition sont eux aussi des œuvres populaires…

 

D’accord…  J’admets volontiers – et à mon grand dam – que les Oscars privilégient surtout les grosses productions de studios plutôt que les œuvres qui sortent des sentiers battus (à quand un oscar pour David Lynch ?). Mais peut on vraiment comparer Bienvenue chez les Ch’tis à des œuvres comme l’excellent The Dark knight ou à L’étrange cas de Benjamin Button (pas encore vu, mais déjà précédé de flatteuses rumeurs) ?

Et si on se place dans le cadre hexagonal, qui oserait prétendre que, d’un point de vue artistique (car avant d’être une industrie à faire vendre du pop-corn, le cinéma est bien un art…), Bienvenue chez les Ch’tis est supérieur à Un conte de Noël, Séraphine ou Entre les murs ? Qui oserait prétendre que Danny Boon, avec sa mise en scène ultra-conventionnelle, est meilleur réalisateur que Desplechin, Richet, Cantet, … ?

 

Il faut remettre les choses à leur place : Bienvenue chez les Ch’tis n’est qu’une petite comédie, certes sympathique et dénuée de vulgarité, et beaucoup plus honorable qu’Astérix aux Jeux Olympiques, par exemple. Le film a eu du succès ? Et alors ? Tant mieux pour lui… Mais il n’y a pas de raison de le voir récompensé par des professionnels français qui, heureusement, considèrent encore leur métier comme un art et une fenêtre ouverte sur le monde…

 

Après, le système de sélections et de récompenses oublie toujours des œuvres intéressantes et chacun a le droit d’être frustré des palmarès… Mais arrêtons un peu cette Ch’timania qui commence sérieusement agacer les vrais cinéphiles… Et pour ne pas être accusé d’un quelconque élitisme, je n’ai rien contre le fait que les prix aillent à une œuvre saluée d’un succès public : le sensible film de Rémy Bezançon, Le premier jour du reste de ta vie

 

Allez, sans rancune, les biloutes…

 

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