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On voit le vide à travers les planches

Par Loïs De Murphy
L’œil enserré dans les tranches de ses mains collées de chaque côté d’un interstice dans le plancher, Simon ne pouvait voir qu’un ballet de couleurs, et seulement par touches. Mais il entendait très bien les voix. Il avait besoin de s’appuyer sur un visuel pour comprendre de quoi il était question, pour illustrer la violence des propos et le bruit de la gifle ou du polystyrène d’un emballage que l’on casse pour le jeter à la poubelle. Jérôme disait qu’elle portait un chandail rouge ce jour-là mais il était au pensionnat depuis l’été précédent. Pourquoi mentait-il toujours devant des témoins qui pouvaient le contredire ? C’était très embarrassant d’être obligé de lui dire que non, ça ne risquait pas d’avoir eu lieu, ou pas comme ça, ni avec telle personne et pour cause. Il jugeait cette histoire, prenait parti avec des propos très durs quand Simon lui-même ne savait pas ce qui était réellement arrivé. Et le chandail était bleu. L’une des tâches mouvantes sous le plancher était bleue car elle était sortie de sa période mystique avec le petit médium hollandais. Elle aurait porté du rouge certainement l’année d’avant, et cela lui aurait peut-être sauvé la vie, car cette couleur était sensée la protéger, ainsi que la tresse d’aulx pendue au clou près de l’entrée.

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