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A.C. Newman - Get Guilty (2009)

Publié le 05 février 2009 par Oreilles
Autant les sorties événements du début d'année 2008 étaient des premiers albums (Vampire Weekend, MGMT), autant cette année 2009 offre un lot incroyable d'albums attendus. Mais entre le nouveau Franz Ferdinand et le nouveau Animal Collective, comment vous convaincre de l'importance de la sortie du nouvel album de A.C. Newman? Vous me renvoyez le point d'interrogation. Et maintenant que les têtes déjà couronnées d'Animal Collective sont médianommées A.C. pour aller plus vite, quelle place reste-t-il à celui dont A.C. est le véritable patronyme? Eh bien il lui reste la place, non des moindres, de ceux qui, loin des tumultes de la pop multidirectionnelle, croient encore en les possibilités d'une certaine power pop. Voilà plus de quatre ans que la sortie d'un nouveau A.C. Newman était attendue, non pas par un grand nombre, mais indéniablement grandement. Le parfait The Slow Wonder était en effet sorti en 2004. Ce Get Guilty s'est tant fait attendre qu'on se demandait même s'il allait sortir un jour. Pour situer, A.C. Newman est le songwriter principal du supergroupe The New Pornographers (aux côtés de Dan Béjar de Destroyer et de Neko Case), qui est, mine de rien, l'objet d'un grand mini-culte indie. A.C. Newman est le humble héros qui produit depuis plus de dix ans avec une conviction inébranlable ce son hérité de Big Star et du glam-rock, en vieux jean et chemise de bûcheron.
Get Guilty s'ouvre en grande pompe timide (comprendre : guitares glorieuses mais falsetto de jeune garçon romantique), avec "There are maybe ten or twelve," qui était la première nouvelle que le label Matador nous avait donnée du rouquin en novembre. On n'osait pas le dire à l'époque, tant on était heureux de retrouver A.C., mais le titre est en deçà de ce qu'on sait le songwriter capable de créer. A partir de là, on attend il est vrai, à chaque coin de chanson, de trouver un autre "On The Table." Mais même si "The Heartbreak Rides" est très bon, c'est le troisième titre qui balaye les déceptions : "Like a hitman, Like a dancer" a l'intelligence et l'inventivité rythmique et mélodique qui avait rendu The Slow Wonder si addictif.
Mais on est bien coupable, à se tromper à ce point, d'attendre d'un deuxième album d'être un deuxième premier... on fait ça bien trop souvent, la faute aux albums parfaits... Get Guilty joue certes dans la même catégorie, mais l'écriture et la matière ont changé depuis 2004. Il est, s'il on peut dire, Moins Teenage Fan Club que R.E.M., plus Go-Betweens que Guided By Voices. Après la concision de The Slow Wonder, celui-ci joue plus large, moins serré, plus aéré. Dans l'ensemble, le rythme s'est ralenti. Du coup, l'ensemble semble avoir perdu en virtuosité. En effet, les réussites les plus apparentes du disque sont les titres comme "Submarines of Stockholm," soit les titres aux rythmes les plus soutenus, où les mélodies se nouent à une vitesse remarquable.
Après, mieux vaut ne pas comparer les downtempos avec le souvenir absolument désarmant que nous a laissé "Come Crash" il y a quatre ans. Car les "Thunderbolts" sont tout de même indéniablement excellents. Get Guilty s'achève d'ailleurs sur le très beau "Love goes on," reprise fidèle et réussie des Go-Betweens. Seulement, la version de A.C. Newman joue sa différence dans de magnifiques arrangements de violons. C'est avec ces fins arrangements que le dernier titre met en lumière la beauté discrète de Get Guilty. Ensuite, chaque nouvelle écoute dévoilera un peu plus de la richesse cachée de l'instrumentation et de la production, mais aussi des textes impressionistes de ce grand songwriter qu'est A.C. Newman. Ne vous méprenez pas en effet, dire que Get Guilty est un cran en deçà de la perfection atteinte sur The Slow Wonder, signifie tout de même bien que Get Guilty est un très très bon album.
En bref : Un très bon disque de power pop fidèle au genre, où A.C. Newman continue néanmoins de développer un art et une manière qui le place au-dessus des autres.




Ici : site officiel, et myspace
Et "Like a Hitman, Like a Dancer" live :
A lire aussi : Destroyer - Trouble In Dreams (2008)

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