Magazine Cinéma
Adaptation littéraire très réussie d'un roman de Richard Yates, ce film aurait pu s'intituler Desesperate Housewive. On y retrouve le couple (à la ville comme à l'écran) de Kate Winslet (magnifique interprète) et Leonardo di Caprio installés dans une vie banale à cent lieues des rêves romantiques et enthousiasmants que le jeune couple (enfin elle surtout) avait imaginé pour leur vie commune. Et ce qui frappe c'est que Kate est devenue une femme et Leonardo semble être resté un adolescent un peu boudeur et pas très épanoui ni par sa vie de famille ni sa vie professionnelle; on ne l'imagine pas en père de famille et cela semble à première vue une erreur de casting, mais en fait cela renforce encore la cassure de leur couple apparemment heureux. C'est elle qui rêve encore et lui qui laisse son entourage décider pour lui. Il n'a jamais été cet être unique promis à un destin exceptionnel que Kate avait cru deviner en le rencontrant et sa découverte la laissera sans espoir.
Le film illustre parfaitement le cadre petit-bourgeois de l'Amérique des années 50, mais étonnamment la vie quotidienne de la femme dans la journée avec ses enfants en est totalement absente comme s'il s'agissait d'une page blanche qui ne peut s'inscrire dans l'âme de Kate. On voudrait en savoir plus là-dessus et on reste un peu sur sa fin; il faudra lire le roman pour mieux comprendre aller plus loin, même si Sam Mendes , le réalisateur d'American Beauty, sait nous rendre ce vide et ce désespoir tangibles, le drame est latent dès la première image.