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Le dernier Pages, attendu et décevant

Par Ephemerveille

On l’avait compris dès la parution Je mange un œuf, Nicolas Pages n’a guère envie de faire « comme tout le monde ». Bon nombre de lecteurs furent quelque peu désappointés par le style de ce premier livre, paru sous l’égide de Pierre Keller, à l’Ecal, et repris ensuite par J’ai lu. Longue évocation dont le seul intérêt, au demeurant, était celui du côté novateur de ce concept, ce premier livre avait éradiqué toute expression psychologique. Pourquoi pas ?

I love NY - Nicolas Pages.jpg
Plus d’une décennie plus tard, Nicolas Pages, qui a fait paraître trois autres romans entre temps, nous revient avec I love New York, chez Flammarion. Une fois encore, Pages s’écarte des sentiers battus. Sous la forme théâtrale, il fait se télescoper les destins de ses trois personnages, Arnaud, Vincent et Lucas.

Du récit d’un road movie américain, à celui des nombreuses nuits fiévreuses d’alcool, de sexe et de défonce, ces trois amis francophones, en deux temps, refont le monde et évoquent, émus, les souvenirs impétueux de leur folle jeunesse aux USA.

Un peu loosers, à côté de leurs pompes, les trois héros de Nicolas Pages avaient beaucoup à se dire. Mais se livrent-ils réellement ? On a de la peine à s’attacher aux personnages de ce récit hautement cocaïné qui, s’il annonçait les prémisses d’une certaine mélancolie amoureuse par Vincent - la voix du monologue de la courte première partie du livre -, témoigne d’une pauvreté certaine. Littéraire, cette fois-ci.

Mais, bien que les dialogues d’I love New York aient peu d’intérêt, on imagine néanmoins les années new-yorkaises de Vincent, les nombreuses rencontres et la partie du trip de Vincent et Lucas, que Nicolas Pages ne nous livre pas. Ce qui aurait fait un roman à la narration classique très simple est passé à la trappe. Nicolas Pages laisse au grenier les meilleurs souvenirs de ses personnages pour nous livrer, sur un fond d’amitié dont on ne connaît que trop peu les fondements, une suite de bribes. Et, de la bouche de ces personnages, dont l’expression, qui se voulait très orale par l’auteur, est plutôt mal retranscrite, on déplore quelques fâcheuses fausses notes dans ce récit américain. A trop vouloir biaiser la forme de son écriture, Nicolas Pages manque sa cible. N’est pas original qui veut. I love New York résonne comme une conversation qui aurait peut-être dû rester privée… Et la lecture de ce livre est oubliée en quelques instants, comme on s’efforcerait d’oublier une ligne de coke mal coupée.


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