Magazine

Le travail - 2ème étape

Publié le 04 février 2009 par Pi_maria

Mardi 3 février, deux semaines que je travaille. J'ai moins de difficulté à me lever le matin si je me couche (et dors !) tôt et je ne m'endors plus dans le bus… je me dis qu'il y a du mieux.
La journée est plutôt tranquille, dans l'après-midi j'ai quelques difficultés à m'occuper de RV personnels pour un autre problème de santé que je ne surveille pas assez, la bureaucratie étouffe cet hôpital et ses malades.
Je sors énervée et fatiguée… fatiguée…

En rentrant chez moi, mes pas par instant s'arrêtent malgré moi, je n'arrive plus à marcher, littéralement… le désespoir s'installe… j'ai envie de m'allonger là, sur les pavés, sous la pluie, dormir, fondre, mourir, je suis trop fatiguée pour marcher.
Je pense à Adrien et je reprends mon cheminement, j'ai idée de l'allure épouvantable que je dois avoir, les passants m'évitent… j'ai trop de pluie sur les joues… je vacille… de temps en temps je m'arrête, le regard perdu.

Une fois à la maison, je ne retiens plus rien… je sanglote comme un bébé… l'ombre me tombe dessus et tout devient noir et bruyant.
J'ai envie d'en finir… disparaître… mourir… la souffrance est trop sombre, c'est un gouffre dont je ne vois pas la sortie.

Quels que soient les efforts que je fais en quelques minutes ils sont réduits en cendres, il n'y a pas de lutte équitable contre cet ennemi qui passe aux commandes de mon cerveau.

Pendant deux heures rien ne me calmera, ni mon amour au téléphone,  je l'ai appelé prise de terreur, ni le retour du collège de mon fiston, que je n'ai pas réussi à épargner.

Je vis dans un épuisement mental et physique que peu de gens peuvent comprendre, ça va au-delà du travail.
Parler m'épuise, marcher m'épuise, vivre m'épuise… le désespoir me donne des pensées suicidaires qui me terrifient.

Hier encore elles étaient si douloureuses, j'ai pensé fort à mon fils pour les faire partir… J'ai peur du jour où je n'aurais plus assez de conscience pour penser, juste penser. 
Le jour où l'urgence sera dans l'acte.

Je ne veux pas mourir, je veux avoir la chance et l'honneur de continuer à élever cet enfant merveilleux… mais il mérite une mère, pas une serpillère.
Je déteste ce ton dans sa voix, son regard qui s'assombrit quand il s'aperçoit que je vais mal… je perçois sa propre peur aussi, miroir de la mienne.

A quoi bon les efforts réduits au néant, tous ces médicaments qui bouleversent mon organisme… je n'en peux plus et ça n'a rien à voir avec le travail, à quoi bon me leurrer.

Je suis épuisée de moi-même et il m'apparaît fatal que je craque un jour ou l'autre.

J'ai beau rire, faire de l'humour, faire semblant… quand le gouffre s'ouvre juste devant moi, je ne suis rien qu'une femme épuisée et terrifiée par l'appel du noir.


Retour à La Une de Logo Paperblog