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L'autre

Par Rob Gordon
L'autrePleine de promesses, cette histoire d'une femme grignotée par la jalousie, obsédée jour et nuit par la nouvelle compagne de celui auquel elle a pourtant rendu sa liberté... L'autre entend montrer ce glissement fascinant car presque imperceptible entre la normalité et une sorte de folie. C'est d'ailleurs ce que fait le début du film de Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic, auteurs d'un Dancing pour le moins singulier. Les deux hommes filment avec grâce et inventivité les lumières urbaines enveloppant l'héroïne comme un cocon, et se refermant peu à peu sur elle comme un tombeau. Exigence formelle, finesse du trait, tension palpable : ça ressemble à du très bon cinéma d'auteur.
Problème : quand Anne-Marie se met à décrocher de la réalité, le film lui colle tellement aux basques qu'il finit par faire de même. Plus le temps tourne, et plus L'autre entre dans une frénésie psychique pouvant très facilement créer le rejet. Car l'autre en question, c'est non seulement cette femme qui la hante, mais également Anne-Marie elle-même, qui finit par se dédoubler à l'image. Résultat : tout finit comme annoncé dans l'introduction, avec papier journal sur les miroirs et coup de marteau sur la tempe. On aurait pu adhérer davantage si les réalisateurs avaient un temps délaissé un certain côté arty pour créer un minimum de compassion ou d'identification ; mais on reste désespérément à l'extérieur de cette spirale, un peu groggy devant la tournure pathétique prise par le film.
À Venise, Dominique Blanc avait reçu une coupe Volpi pour ce film. Un choix fort de la part du jury de Wim Wenders, qui a couronné une prestation fort risquée. Mais une décision contestable, tant l'actrice semble parfois plus ridicule que son personnage. Il y a une sorte de décalage assez flagrant (et assez inopportun) entre le physique de cette femme (une tête de poussin malade avec des yeux de chien battu) et sa voix trainante, qui voudrait être suave et excitante mais ne ressemble finalement qu'à celle d'Élise Lucet (la présentatrice du 13 heures qui s'attarde une minute sur chaque voyelle). Résultat : non seulement il est difficile (et de plus en plus) de croire au personnage, mais il devient juste impossible de ne pas se focaliser sur certaines répliques franchement mal jouées. Un défaut rédhibitoire pour un film déjà pas évident à apprivoiser.
4/10
(autre critique sur Tadah ! Blog)

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