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Curieuse reconversion

Par Mgallot

J'habite à deux pas d'un lieu de triste mémoire: la prison Montluc, qui de 1942 à 1943 hébergea dans des conditions sinistresprison montluc.jpg une dizaine de milliers de résistants et de juifs arrêtés dans la région lyonnaise (dont Jean Moulin). A huit par cellules, ils vivaient sans hygiène et dans l'angoisse des longs interrogatoires et séances de torture, perpétrés dans l'ancienne école de santé des armées, siège de la Gestapo (actuel centre de l'histoire de la résistance et de la déportation). Certains furent fusillés dans la cour de la prison, d'autres extirpés pour être exécutés ailleurs ou envoyés dans les camps de concentration. Beaucoup ne survécurent pas.

Jusqu'à cette semaine, cette prison était toujours partiellement utilisée pour les femmes. Une soixantaine de détenues dans 24 cellules qu'on disait très délabrées, ce qui a justifié leur transfert, lundi dernier, vers les prisons flambant neuves qui ont poussé à Corbas et à Roanne.

La prison Montluc est donc à présent vide. Que va-t-elle devenir? Une grande partie du bâtiment est restée sans entretien, livrée aux fientes de pigeons pendant des décennies.

mur fort montluc.jpg
Il semble acquis que quelques cellules seront conservées pour en faire un lieu de mémoire - jusqu'à présent on ne pouvait entrer dans la prison, et seules une fresque monumentale sur le mur extérieur et des plaques commémoratives rappelaient la destination ancienne de ce bâtiment. Mais que deviendra le reste des locaux? La céder à des promoteurs immobiliers? Le terrain est très bien placé, mais vous vous voyez, vous, vivre dans l'ancienne prison Montluc? L'hypothèse la plus probable est que l'université Lyon III, située en face, y installe des salles de cours et amphithéâtres.

Lyon III, oui, c'est bien cette université mal nommée "Jean Moulin", qui a beaucoup fait parler d'elle depuis les années 80 pour le noyau négationniste y ayant fait son nid, avec l'indulgence coupable de l'administration. L'extrême-droite y est si bien implantée que Bruno Gollnisch et Pierre Vial y ont enseigné de nombreuses années.

Des étudiants dans une prison. Des négationnistes dans un camp d'internement nazi. Qui a dit qu'à Lyon, on manquait de fantaisie?


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