Magazine Beaux Arts

Vrai ou faux ? Je doute

Publié le 12 février 2009 par Marc Lenot

2009-02-jura012.1234398892.JPG2009-02-jura011.1234398906.JPGEvidemment, quand, se promenant comme d’accoutumée à la recherche de belles découvertes dans un musée de province, celui de Dole, vous tombez sur ce Musicien de Pieter Brueghel l’Ancien, la lecture du cartel (cliquez) laisse songeur.

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Ensuite, on se prend à douter de tout. Le Maître de la
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Fertilité de l’Oeuf
, auteur de ces Gnomes et Grotesques a-t-il vraiment existé ? Est-ce en effet un Italien du
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XVIIIème siècle qui a peints ces tableaux qui évoqueraient plutôt les Flandres, avec ce chien à l’épée et ce dindon à l’escopette, avec cet homme coiffé d’un entonnoir et ce coq violoniste ? Dois-je croire ce cartel ?

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Sans consulter Wikipedia ou un livre d’histoire, puis-je être certain de l’existence de Jan Tengnagel (né et mort à Amsterdam, 1584-1635) qui peint Junon sollicitant les enfers où la déesse, blonde et digne, voulant se venger des parents adoptifs de Bacchus et sollicitant l’aide des forces chtoniennes, laisse la moitié gauche du tableau à des êtres étranges, femmes aux mamelles pendantes, satyres ailés pétant au sexe pointu et monstres divers ?

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Et ce tableau de Judith et sa servante, attribué à Jean de Bellange (1575-1616), n’est-il pas singulier, représentant le moment d’avant, l’instant où, pour le salut des Juifs, Judith se pare en putain séductrice pour accéder à la couche d’Holopherne et lui trancher la tête ? Les lumières sur les visages sont improbables, quasi photographiques, lèvres glossy, oeil souligné d’une pommette à la clarté lunaire, et les seins de l’héroïne sont baignés d’une lueur impossible, avec des tétons comme des balises lumineuses. Est-ce vraiment ainsi qu’on peignait alors ? A moins qu’il ne s’agisse d’une maquerelle et de sa jeune pensionnaire.

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Ce moine pleureur en marbre gris, censé venir d’un atelier dolois du XVIème siècle, n’a plus de visage, comme un Zurbaran ou un Clérambault. Seul subsiste le drapé de sa robe, son corps est quasi invisible, excepté ses bras tranchés. Et le fond du capuchon, en lieu d’une tête absente, semble strié de larmes. On doute aussi du Charles VI fou dans les bras de sa consolatrice Odette de Champdivers, sculpture romantique de Huguenin, on doute partout et on ne veut surtout pas être rassuré par une quelconque science, il est plus agréable de rester dans cet entre-deux, cette ambiguïté créatrice.

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De même, face à cette superbe Concubine impériale, on peine à croire que ce portrait chinois soit l’oeuvre d’un Jésuite dolois, Jean-Denis Attiret, peintre auprès de l’empereur de Chine Qianlong. A Pékin, Attiret, renommé Wang Tshe-tch’eng, dut se défaire de sa formation de peintre occidental pour adopter (tout comme Castiglione) les modes de représentation chinois. Il est intéressant de voir que le Louvre présente actuellement (jusqu’au 18 mai) les gravures des Batailles de cet empereur exécutées en France sous la direction de Nicolas Cochin à partir de dessins faits par les quatre peintres jésuites attachés à la cour de l’empereur, dont Attiret. Les dessins originaux sont perdus, mais, alors que les Jésuites sinisés s’efforçaient d’épurer leurs paysages à la chinoise, les graveurs français y rajoutèrent nuages contournés et jolies fioritures, trouvant trop laid ce dépouillement paysager : un dialogue intéressant entre deux esthétiques, qui se poursuit encore de nos jours

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Pour expliquer au moins le Brueghel au stylo à bille, sinon le reste, il y a actuellement (et jusqu’au 21 février) cette exposition-ci au musée de Dole, qui visiblement prolifère hors des salles qui lui sont dédiées (ci-contre : papier peint de Claude Closky, Marabout; photos des Becher, 16 Châteaux d’eau new-yorkais; et sculptures de Sol LeWitt, 5 open geometric structures and their combinations). Tout est-il vrai ?

Photos de l’auteur.


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