Magazine Beaux Arts

Soutenir Bétonsalon contre les censeurs : RDV mardi 17 février à 13H

Publié le 15 février 2009 par Marc Lenot

Bétonsalon, dont j’ai parlé à plusieurs reprises (ici, ici, ici et là), est un centre d’art situé en face de l’Université Paris 7. Animé par une équipe compétente et dynamique, il propose des expositions créatrices et innovantes.

vigieretapertet4.1234731865.jpg
A la veille du vernissage de Fahrenheit 451, de l’artiste Thu Van Tran, les locaux de Bétonsalon ont été occupés mercredi dernier par un groupe d’étudiants grévistes, de Paris 7 et d’ailleurs, représentant les “comités de mobilisation de diverses facultés de Paris”. Leur revendication est exprimée ici:
une vaste salle vide dédiée à l’art conceptuel appelée « Betonsalon ». Ce truc n’attire que sa clientèle habituelle et ne présente aucun intérêt pour ceux qui fréquentent quotidiennement la fac. Nous avons décidé de nous approprier « Betonsalon » afin qu’il trouve enfin une utilité….L’occupation de l’ex « Betonsalon » peut permettre à la fois l’organisation de bouffes, concerts, boums, concours de pétanque, Battle de hip hop ; mais aussi de projections de films, débats, entraînements au lancer d’œufs sur CRS, etc.”.

jiri-kovanda_1222601400.1234731817.jpg
D’après la description qu’en fait l’équipe (et que corroborent ce porte-parole anonyme des occupants et ce témoignage), l’occupation a été agressive et violente, avec menaces de détruire les oeuvres en cours d’installation. Pour protéger les personnes et les oeuvres, l’équipe de Bétonsalon a demandé la protection de la police, décision qu’ils ont sans doute regrettée ensuite.

La réaction des étudiants grévistes a été virulente: “A bas les artistes ! La lutte continue !”; ils sont revenus pour perturber le vernissage vendredi soir (lire ici aussi):
“Compte-rendu du vernissage de l’exposition Fahrenheit 451 qui s’est déroulé le vendredi 13 février 2009.
Ce qui s’est passé :
Il y a eu une discussion à 17H au sein de laquelle Frédéric Danos a suggéré aux étudiants présents de prendre le lieu. Les étudiants présents ont expliqué qu’ils préféraient travailler avec nous comme ils l’ont déjà

betonsalon-007_1206627293.1234731793.jpg
fait. Ils ne voyaient pas en quoi ils prendraient un lieu qui leur était déjà ouvert. En même temps, les étudiants présents décrivaient que l’attitude des occupants de mercredi leur paraissait violente, stupide et inadmissible. Le président de l’association sur le thème du mouvement de revendications universitaires indique que l’association a toujours été solidaire du mouvement et qu’elle avait proposé à certains acteurs de ce mouvement rencontrés lors des AG dans les amphis de venir pour proposer des actions concrètes. ( proposition qui n’a pas trouvée d’écho à ce moment là).
Les étudiants présents ont entendu ce message mais ils ont qualifié les manifestations de soutien de l’association insuffisantes. L’association a reconnu qu’ils avaient certainement manqué d’énergie à ce propos.
Après avoir déjà formulé leurs excuses pour avoir eu recours aux forces de police auprès de la quinzaine d’occupants le lendemain de l’occupation via une personne liée au groupe d’occupant, l’association a re-acté l’ouverture de l’espace aux activités du mouvement étudiant. Quelques idées concrètes comme la production d’affiches dans l’espace ont été rapidement évoquées. En même temps, l’ensemble des personnes réunies ont bien précisé qu’il s’agissait d’une ouverture d’ordre collaboratif et qu’elle était ouverte à un processus démocratique et non à l’emploi de la force ni à la dictature d’un groupuscule sur l’ensemble de la communauté universitaire. De plus, l’importance du respect envers les locaux et l’association qui les gère a été rappelée.
A 18H, le groupe d’occupants de mercredi (15 personnes) s’est joint à la discussion avec une heure de retard. Ils sont arrivés avec un tract tenant un tout autre langage que celui de mercredi. Ils ont été invités à lire le tract publiquement. Après lecture, un résumé de la discussion a été fait aux occupants. Ce sur quoi ils ont exprimé leur refus de discuter reposant un ultimatum pour le décrochage de l’exposition. Une enseignante a tenté de discuter avec les occupants du sens des oeuvres exposées en ce lieu.
Bien que l’espace était ouvert à leur parole ils ont continué à refuser toute discussion, en disant : “j’en ai rien à péter” ou “y’a même pas de petits fours, on se casse.”
Sur ce, l’équipe leur a demandé de rester pour discuter. Le groupe d’occupants a quitté l’espace au bout de 7 minutes de présence. 5 d’entre eux ont décidé de rester et se sont mêlés aux discussions individuelles qui avaient alors lieu de toutes parts.
Ces 5 occupants ont exprimé leur souhait de revenir discuter mardi.
Ensuite le vernissage a eu lieu jusqu’à 21h.”

betonsalon_1224516277.1234731804.jpg
Que l’art contemporain dérange, soit ! Que les étudiants de Paris 7 et d’ailleurs veuillent manifester contre les réformes, soit ! Mais que cette révolte se manifeste de la sorte, contre un lieu de création, contre des artistes engagés, contre une équipe ouverte, me semble inquiétant, typique d’une censure à la Vychinsky, ou du réflexe éternel des totalitaires “Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver“.

Les responsables de Bétonsalon viennent d’envoyer ce message (lire aussi ici):

Nous vous écrivons ce mail pour vous demander de vous joindre à nous mardi 17 février à 13H au Bétonsalon. L’heure est dure.

Quelle place pour un centre d’art et de recherche au sein d’une université?

Voilà plus d’un an que nous réfléchissons et travaillons à cette question. Voici quelques exemples de projets que nous avons réussi à construire avec l’université. Nous avons mis en place une résidence d’artiste où ce dernier travaille avec des étudiants de physique sur un projet de recherche. Nous accueillons régulièrement des étudiants stagiaires de l’université Paris 7. Nous organisons toutes les semaines des rdvs appelés Midi deux où les étudiants s’approprient l’espace le temps d’un projet.  Nous écoutons les besoins des enseignants et nous accueillons des cours dans l’espace de Bétonsalon. 

Le prochain projet intitulé ‘Science versus fiction’ a été conçu en collaboration avec des enseignants chercheurs de Paris 7 et de l’ESPCI et des étudiants de physique.

Deux étudiants travaillent actuellement avec moi sur un projet intitulé ‘Action- faire école’, Un projet sur les pratiques alternatives de production collective et de transmission des savoirs. Le projet intègre les enjeux de la situation géographique de Bétonsalon et répond à l’envie de travailler en collaboration avec l’institution universitaire et ses usagers. Il s’agit d’inviter des artistes et des théoriciens ayant déjà expérimenté ou s’intéressant à des formes d’apprentissage et de pédagogie alternatives à travailler dans l’espace de Bétonsalon et, par extension, celui de l’université et du nouveau quartier de la ZAC Rive-Gauche pour la durée de leur choix, avec un groupe d’étudiants.  Comment se relier à un tel contexte ? Comment apporter une expérience à l’intérieur de l’université?  

Au bout de cette première année, nous commençons à sentir  combien ces relations s’approfondissent et donnent naissance à des projets de plus en plus ambitieux pour les années à venir. 

Or, l’heure est grave. Des amalgames, des manipulations, des utilisations politiques se produisent autour de ce qui s’est passé mercredi dernier. Il y a des gens qui sortent déjà leur cigares à l’idée de d’anéantir une association qui défend un projet culturel. Tout cela fragilise Bétonsalon et nous avons besoin de vous pour nous défendre et faire poids face aux pressions qui s’exercent contre nous.

S’il vous plaît, pouvez-vous faire passer ce mail à vos amis ?

RDV mardi 17 février à 13H

J’y serai aussi pour défendre cet art élitiste, inutile et pour tout dire dégénéré.

De haut en bas : performance des Gens d’Uterpan, performance de Jiri Kovanda, exposition de Sarah Tritz, et exposition de Loïc Raguénès et Didier Marcel, à Bétonsalon.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Marc Lenot 482 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte