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Monter un film : un art et une technique à la fois

Par Mahee
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Nicolas Sarkissian est chef monteur à Paris depuis douze ans. Après un BTS de montage, il s’est lancé dans un métier qui consiste à mettre en forme le film, une fois le tournage achevé. Il s'agit d'assembler images et sons de manière à donner une rythmique et raconter une histoire. Nicolas Sarkissian a notamment travaillé sur Eden Log de Franck Vestiel et Ils de Xavier Palud et David Moreau.

Quel est le rôle exact d’un chef monteur ?
Il est le responsable de l’assemblage artistique et technique d’un film. Il donne le rythme au film, sa pulsation et il organise la narration. C’est l’art du découpage et donc de la dramaturgie. Un art et une technique tout à la fois. Il faut maîtriser les deux, néanmoins cela reste un regard individuel, il peut être bien différent d’un monteur à l’autre.
Par ailleurs, le monteur en fiction a aussi la fonction d’être en quelque sorte, ce que j’appellerais "le scénariste du film tourné". On retrouve un procédé d’écriture tout à fait comparable à l’écriture du scénario sauf que notre matière ce sont les images et les sons.

Avec quels logiciels travaillez-vous ?

Avid et Final Cut Pro. Les deux ont leurs avantages et leurs inconvénients. Je connais les logiciels sur le bout des doigts, mais l’informatique m’ennuie très vite. Je n’ai aucune fascination pour la technique. Je dirais que peu importe les machines, l’essentiel ce sont les idées, ce qui va surgir de l’assemblage de deux plans entre eux, d’un son juxtaposé à une image ou comment accompagner au mieux le jeu d’un comédien, valoriser l’enjeu d’une scène ou masquer la faiblesse d’une autre. Seule compte l’écriture du film en train de s’assembler sous mes yeux.
Comment s’organisent vos journées ?
Elles s’organisent surtout autour de l’avancée du film. Au début, on est focalisé sur un objectif : arriver rapidement à un premier montage. Après, je vais passer l’essentiel de mon temps à travailler dans le détail chaque séquence, trouver le bon rythme, le bon ton, chercher dans les prises le "petit quelque chose" qui va encore améliorer la scène. C’est un travail quotidien de recherche et d’exploration dans le film.
Outre l’élaboration des séquences, il s’agit de saisir aussi le film dans sa globalité et l’on passe aussi beaucoup de temps à se faire des projections du film entier pour sentir ce qui manque, ce qui est trop long, trop confus ou trop mou. Il faut alors être impitoyable et savoir couper des très belles scènes mais qui malheureusement n’ont plus leur place dans le film.
Au final, il s’agit de créer un montage organique où chaque élément est bien à sa place. C’est donc un travail où le temps, le passage du temps, la maturation est nécessaire.
Quelles relations avez-vous avec les réalisateurs et quelle est votre part d’autonomie dans les choix de montage ?
Nos relations sont privilégiées puisque l’on passe entre trois et quatre mois ensemble à travailler dans la même pièce ! Mon autonomie dépend de ce que m’accordent les réalisateurs. Certains ont besoin d’être très présents et ont des idées relativement précises sur la manière d’envisager le montage de leur film, d’autres préfèrent faire totalement confiance au regard du monteur et ne venir que quand c’est utile pour valider l’avancement des travaux. Pour ma part, je préfère une plus grande autonomie. Mais c’est avant tout un rapport de confiance. Ça passe aussi par des discussions préalables pour être bien sûr que mon travail ira dans le bon sens.
Néanmoins dans tous les cas, je travaille souvent seul au début pour dégrossir un peu le film et faire très vite un premier bout à bout qui permet d’y voir un peu plus clair sur ce qu’on va raconter.
Travaillez-vous aussi avec les producteurs ?
Les producteurs ont un rôle très important sur un film. Ils permettent d’une part que les films existent, ce qui n’est pas rien ! D’autre part, ils ont aussi un regard déterminant sur toutes les étapes de la fabrication d’un film. En montage, il y a un dialogue particulier qui se noue avec eux car c’est globalement la dernière grande étape d’écriture d’un film et souvent les producteurs sont très attachés à cette phase particulière.

Quel aspect de votre métier préférez-vous ?

La création tout simplement. Ce moment où surgit une idée de montage, une rythmique particulière, une idée qui bouleverse la donne, un sens imprévu qui surgit par un "heureux hasard de montage".

Quelle est votre actualité ?

Le montage de Djinns d’Hugues Martin produit par Karé Productions et Delante Films. Un film un peu à mi-chemin entre L’Ennemi Intime et La Colline a des Yeux et qui promet d’être assez époustouflant !
Vous pouvez consulter le site Internet de Nicolas Sarkissian ici.


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