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Les chansons d'amour

Par Mirabelle
Mon cher Victor,

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Il y a parfois dans la vie des moments où on se dit que le cinéma met des mots, tout comme les livres, sur ce que nous, pauvres âmes, n'aurions pu exprimer. Toi, tu as eu un coup de coeur pour un film ! Tout juste ! Il s'agit des "Chansons d'amour", un film de Christophe Honoré. Je n'avais pas lu de critiques mais j'avais entendu dire, par des amis IUFMiens, que c'était très bien. Sans plus de précisions ? Sans plus de précisions. En m'asseyant sur mon siège, lors de la séance, je m'attendais à une petite bluette sans prétention, une sorte de comédie musicale drôle et légère. Ah parce que ça chante ? Oui, ça chante. Les acteurs chantent. Bien, j'espère ? Très bien. Vraiment très bien.

Bref. J'en suis ressortie complètement bouleversée. Vraiment. J'en tire donc la conclusion suivante : ce n'était pas "une petite bluette sans prétention, une sorte de comédie musicale drôle et légère" ! Pas du tout. Le choc en a été d'autant plus rude. Alors... C'est sans doute une comédie musicale déprimante et grave ? Tu veux faire ton p'tit malin mais tu as mis en plein dans le mille ! Quoi que... Je me disais aussi que tu allais trouver à redire de mon irrésistible perspicacité ! Eh bien... C'était un film grave, certes, mais pas complètement déprimant. Ce qui veut dire que cela l'est un peu quand même... Oui mais il y a aussi une lueur d'espoir, à la fin du film. De quoi ça cause, ton film ? 

Je ne voudrais pas déflorer le film pour nos lecteurs qui souhaiteraient le voir en salle, Victor. Oui bon, on ne te demande pas de nous dévoiler l'histoire complète ! Le problème c'est que si je commence à en parler, je ne vais plus pouvoir m'arrêter et je risque, par mon étourderie maladive, de laisser passer quelques détails essentiels de l'intrigue ! Eh bien fais attention... Ce n'est pas si compliqué, tout de même ! Bon. Alors parlons de l'affiche. L'affiche est trompeuse. Très trompeuse. chansonsd-amour2.jpgA quoi elle ressemble, cette affiche ? Tiens, c'est celle-là, à gauche. Qu'imagines-tu en la regardant ? Eh bien... Une histoire d'amitié ou... Ou ? Ou... Eh bien... Hem... Une histoire d'a... Eh bien crache-le, Victor ! Tu as lu le titre ! Oui bon, d'accord ! Une histoire d'AMOUR à trois, tu es contente ?! Oui ! Bon. Eh bien je t'arrête tout de suite : le sujet, ce n'est pas du tout le trio amoureux ! Non. C'est, selon moi, le deuil. C'est le deuil. En trois étapes : le départ, l'absence et le retour. Trois étapes qu'Ismaël franchit, après le décès de sa petite amie. C'est laquelle, sa petite amie ? La jeune fille avec le manteau bleu ou celle de droite ? Tu peux toujours aller voir le film si tu veux le savoir ! Comme si je n'avais que ça à faire... Mais oui : tu n'as que ça à faire  ! Passons, passons... Bref. C'est un film terrible. Profond. Les chansons (d'amour, toujours, nous l'aurons compris...), écrites par Alex Beaupain, sont sublimes (des textes très bien écrits, qui sonnent vrais, interprétés par les acteurs, au mieux de leurs voix) et le deuil est exploré dans toutes ses facettes. Il y a ceux qui fuient (scène émouvante où Ismaël avoue ne plus pouvoir franchir le seuil de son appartement sans s'écrouler), ceux qui éprouvent le besoin de retrouver les traces de l'être aimé (bouleversante Chiara Mastroianni, interprétant la chanson "Au parc"), ceux qui se préservent par l'évasion (ah, la lecture...). Il y a le besoin de savoir, de comprendre l'incompréhensible, de nommer l'innommable. Il y a l'oubli, qu'il faut trouver, comme dans la chanson de Gainsbourg : "Souviens-toi de m'oublier". Il y a la lassitude, l'anesthésie. Il y a l'espoir, enfin, qui tient debout, espoir d'être consolé sans pour autant entendre "je t'aime", parce qu'on n'y est pas encore prêt. Il y a tout, dans ce film, Victor.

Tout à l'heure, en pianotant sur internet, j'ai trouvé ceci. Je comprends pourquoi ça sort des tripes, maintenant, cette musique... Hier, j'ai acheté la bande originale. Depuis une semaine, ce film m'accompagne. J'y pense. C'est magnifique, le cinéma. Il peut rendre beau les drames les plus injustes de la vie.


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