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Raymond BARRE quitte le "microcosme": Un homme d'Etat rigoureux qui savait que l'Europe doit se construire en réconciliant les principes de De Gaulle, les idées de Monnet et les idéaux de Mendes-France

Publié le 25 août 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Raymond Barre s'est éteint dans la nuit de vendredi à samedi à l'hôpital du Val de Grâce à Paris, où il était alité depuis avril. Il était âgé de 83 ans. A une insuffisance rénale, dont souffrait l'ancien Premier ministre français depuis des années, se sont ajoutés des problèmes cardiaques.

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L'ancien Premier ministre et ancien maire de Lyon avait été hospitalisé à Monaco à la suite d'un malaise survenu dans sa maison de Saint-Jean-Cap-Ferrat, dans les Alpes-Maritimes, avant d'être transféré par hélicoptère le vers l'hôpital militaire parisien au service de cardiologie.

Economiste et militant européen

Né le 12 avril 1924 à Saint-Denis-de-la-Réunion, professeur agrégé de droit et de sciences économiques à Sciences Po, Raymond Barre avait fait ses premiers pas en politique en 1959 comme chef de cabinet de Jean-Marcel Jeanneney, ministre de l'Industrie et du Commerce du général de Gaulle.

Européen convaincu il occupe, sur proposition de De Gaulle,  le poste de vice-président de la Commission européenne de Bruxelles, chargé des affaires économiques et financières de 1967 à 1973. Il joue alors un rôle qui renforce considérablement la crédibilité économique de la Commission, prêchant rigueur, discipline, harmonisation des poliiques nationales

Il entre en politique avec Jacques Chirac

Le grand public le découvre en 1976, lorsqu’il devient Premier ministre du président Valéry Giscard d'Estaing en remplacement de Jacques Chirac qui était alors démissionnaire.

Chef de gouvernement pendant cinq ans, Raymond Barre a cultivé le parler ferme et le mépris du "microcosme", c’est ainsi qu’il désignait le monde politique. Ce qui a créé autour de cet homme professoral, que Valéry Giscard d'Estaing qualifiait de "meilleur économiste de France", un sentiment mêlé de respect et d'impopularité.

Il échoue à la présidentielle de 1988 Il a été aussi maire de Lyon pendant six ans, de 1995 à 2001, député centriste du Rhône à partir de 1978, réélu sans discontinuer et candidat malheureux à l'Elysée en 1988, où avec 16,53% au premier tour il avait été devancé par François Mitterrand et Jacques Chirac.

Hostile à la cohabitation, il se présente à la présidentielle en libéral, centriste et européen.

Mépris des rites politiques, dédain pour les jeux électoraux: sa campagne se traîne, à l'image de la tortue qu'il a choisie comme symbole.

Un parfum d’antisémitisme surprenant

Raymond Barre s'est retiré de la vie politique active en juin 2002. Trois mois plus tôt, en pleine campagne électorale, il avait scandalisé en défendant Maurice Papon ( haut fonctionnaire sous Vichy) et Bruno Gollnisch (Front National) et en s'en prenant à un "lobby juif capable de monter des opérations indignes".

Certains avaient rappelé son faux pas de 1980, quand lors de l'attentat de la rue Copernic, il avait déclaré qu'on visait des juifs et qu'on avait tué des "Français innocents".

Une ombre sur une carrière exemplaire de professeur, de tecnicien réaliste de l'économie qui n'est jamis tombé dans l'économisme, d'homme d'Etat rigoureux, hanté par le sens du devoir, de maire dynamique, et d'homme d'une grande humanité.


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