Ecologie et économie peuvent et doivent faire bon ménage. Après avoir obtenu des pays membres du G8 «d'envisager la réduction de moitié de leurs gaz à effet de serre» lors du sommet d'Heiligendamm en juin, Angela Merkel entend bien faire de l'Allemagne l'élève modèle en matière de protection du climat, en réduisant de 40% d'ici à 2020 les émissions de CO2 par rapport à 1990.
Réuni en séminaire au château de Meseberg, au nord de Berlin, le Conseil des ministres a arrêté un ambitieux programme de diversification et d'économie d'énergie intégrant aussi bien des mesures d'encouragement à la recherche que des incitations fiscales, avec un budget de 2,6 milliards d'euros l'an prochain, soit un bond de 200% par rapport à 2005: trente mesures, un «concept intégré» encourageant à la fois l'innovation et la protection du climat. Le pourcentage des énergies renouvelables dans la production d'électricité doit notamment passer de 12% actuellement à 25 ou 30% d'ici à 2030. Angela Merkel a quelques bonnes raisons de se lancer dans la bataille du climat. Selon un sondage effectué au début de l'année, plus de 90% des Allemands se disent inquiets des modifications climatiques à venir et 58% estiment que le gouvernement devrait prendre des mesures plus drastiques. Mais il y a aussi des raisons économiques. Le gouvernement Merkel mise à fond sur le développement des énergies renouvelables et des technologies de rationalisation pour rendre les entreprises allemandes, et en particulier les PME, plus concurrentielles sur le marché mondial : >>>>par la diminution des coûts de production liés à l'énergie >>>>en se hissant comme leader des technologies liées aux nouvelles énergies. «Dans ce domaine, le gouvernement soutiendra une offensive à l'exportation», promet le document final du séminaire. >>>>avec un coût total du programme estimé à 8 milliards d'euros sur plusieurs années, le ministre de l'Environnement, Sigmar Gabriel (SPD), espère engranger des économies de plus de 13 milliards. Dans le même temps, de nouvelles impulsions vont être données pour renforcer les bases de la croissance. Le gouvernement met l'accent sur la formation et veut attirer les scientifiques. Ainsi, le budget de l'éducation et de la formation sera augmenté pour atteindre 3% du PIB en 2010, passant de 55 à 79 milliards d'euros. En raison du manque d'ingénieurs dans l'électronique et les machines-outils, les spécialistes des nouveaux pays de l'UE pourront travailler sans condition en Allemagne dès le 1er novembre, sans qu'il soit nécessaire de prouver qu'aucun Allemand n'a pu être engagé. Les étudiants étrangers détenteurs d'un diplôme allemand auront eux aussi libre accès au marché du travail. Une décision sera par ailleurs prise cette année pour abaisser au-dessous de 3,9% les cotisations patronales à l'assurance chômage. Enfin, le gouvernement veut s'engager pour la «création d'une économie sociale de marché au niveau mondial», une concurrence loyale entre pays producteurs, respectant notamment des critères sociaux et environnementaux. Beau programme qui met fin aux doutes exprimés ici et là sur la volonté de poursuivre la « grande coalition » : « il nous reste tant à faire », dit-on au SPD comme à la CDU…