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Le divorce belge annoncé : les prédictions d’Alexandre Adler

Publié le 25 août 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

94e1d4e88bca97b3729db5be31e0ec43.jpgSélection RELATIO sur LE FIGARO : Notre ami Alexandre Adler, toujours intéressant dans ses analyses même quand elles ne rejoignent pas celles de RELATIO (ce qui arrive souvent) jette sur le « divorce à la belge » un regard qui soulève bien des questions valant débats… Pour lui, visiblement, les carottes belges sont cuites. Plus même que les frites moules à la crème… Même si le Royaume tient encore par sa couronne et par la force des habitudes. Et si personne ne peut dire si la crise actuelle ( ce mauvais feuilleton interminable, mal joué sur un scénario mal écrit avec des dialogues indignes de cet « esprit belge » si fécond) est la dernière du genre. Avant la rupture « bête et brutale », mais définitive…

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Pour lui, « le véritable ultimatum qu'adressent, unanimes, les partis flamands au Sud français du pays (et non francophone du pays), n'est déjà plus celui d'un partenaire excédé, mais le mandement par huissier d'un adversaire résolu : cette fois-ci, la Flandre demande que l'on coupe les dernières amarres qui faisaient l'État belge ».

« À cette  véritable dépêche d'Ems , les partis français ont répondu en décidant de se concerter unanimement entre eux. », constate-t-il.  «  Lorsque deux entités qui sont censées former un seul État en sont à ce que leurs partis politiques aient sans aucune exception décidé de se réaligner sur des réalités nationales, la Yougoslavie - les optimistes diront la Tchécoslovaquie - n'est en effet pas très loin ».

Dans ces conditions, estime-t-il, le statu quo est condamné par l’histoire, quels que soient les efforts déployés pour « préserver un paravent quelconque d’Etat belge » et tenter de « conjurer le cauchemar ». 

 Alexandre Adler( écouté à l’Elysée,comme chacun sait, même si les oreilles de Sarkozy sont moins sensibles que celles de Chirac au son de sa voix) en tire quelques leçons de réalisme pour la France,

>>>>  « Pour commencer, il faut cesser de diaboliser le nationalisme flamand dont beaucoup de Français ont fini par croire que Jacques Brel avait tout dit sur lui, il y a vingt ans de cela : « Nazi pendant les guerres et catholique entre. » Ce n'est évidemment pas faire justice à l'immense émancipation culturelle flamande qui s'est produite dans les quarante dernières années et nous a donné des artistes exemplaires de langue néerlandaise : le romancier Hugo Claus, les frères Delvaux, le peintre et le cinéaste, et bien entendu, dans le domaine de l'opéra, Gérard Mortier. »

>>>>  « La réalité, c'est que la société flamande, cette petite Bavière maritime, est en proie à un dynamisme économique et social remarquable, ayant réussi sa mutation linguistique, et dispose d'une population exactement équivalente à celles du Danemark ou de la Norvège. Méfiante à l'égard de la Hollande voisine, la Flandre indépendante serait en fait, assez vite, le plus francophile et le plus latin des États germaniques de l'Europe du Nord. Le dogme de la diplomatie française consistant à tout faire pour maintenir la Flandre en Belgique doit donc être révisé d'autant plus vite et radicalement qu'en prenant en main la revendication nationale, les chrétiens sociaux et leurs alliés libéraux et socialistes ont fait reculer l'extrême droite locale aussi efficacement que Sarkozy, en France »

>>> « Les Wallons et les Bruxellois n'auront aucune envie de former un État croupion symétrique. Comme chacun devrait le savoir, c'est le 14 Juillet que l'on fête à Liège, c'est à Paris que l'on a sacré Michaux, Marguerite Yourcenar, Simenon et même le prix Nobel de littérature belge, Maurice Maeterlinck, qui jugeait sa langue natale flamande impropre à la littérature. En se choisissant une non-capitale à Namur, en intitulant sa représentation à Paris « communauté française » et non « communauté francophone », nos compatriotes d'outre-Quiévrain nous ont déjà tout dit. »

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Conclusion : « Comme Helmut Kohl en 1990, Nicolas Sarkozy a donc toutes les chances de devoir gouverner une France plus grande, un peu appauvrie par la crise industrielle chronique de ses nouvelles régions irrédentistes, et un Parti socialiste certes écrêté de ses élites les plus parisiennes, mais recentré sur la vieille base populaire du Borinage et de la vallée de la Meuse, pour ne pas parler des bobos bruxellois qui valent bien les nôtres. Qui disait que l'histoire ne nous réservera pas quelques grosses surprises, surtout là où on ne les attendait pas »….

Prémonitoire ? Les Belges eux-mêmes en débattent sans trop savoir. Selon un sondage (qui pourrait évoluer très vite), 39 % des Flamands envisagent un vrai divorce national, mais ils sont nettement moins nombreux les Wallons à souhaiter ce saut dans l’inconnu (17%)…

Demain, l’équipe nationale des diables rouges sera soutenue par les footeux des deux communautés dans son match contre l’Allemagne.

Et dès cet après-midi, ils seront deux à tenter une nouvelles « mission impossible », au nom du Roi : Les présidents de la Chambre et du Sénat, Herman Van Rompuy et Armand De Decker.

Fait à noter : en dépit de 75 jours de crise existentielle, la Belgique continue à vivre, avec un gouvernement qui assume toutes ses responsabilités. Vertus de ce fédéralisme à la belge dont l’implosion soulève nombre de questions qui devraient inspirer d’autres chroniques à Alexandre, « Bienheureux » dans ses certitudes même quand elles annoncent ce qui pour l’Europe aurait de sérieux effets négatifs. Les phénomènes de fragmentations sont à l’opposé des principes qui fondent l’Union. Et un divorce belge ne pourrait pas se faire à la tchèque :la Wallonie n’est pas la Slovaquie et Bruxelles n’est pas Bratislava… L’implosion serait une explosion, avec de grands dégâts co-latéraux : les conditions ne sont pas réunies pour qu’un accord se fasse sur les conditions du divorce…


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