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Lambert de Sayve : une messe wallonne sous influence italienne

Publié le 24 février 2009 par Philippe Delaide

L'un des derniers disques du label Ricercar est consacré à une messe écrite par Lambert de Sayve pour le Sacre de l'Empereur Matthias par la Fenice et le Choeur de Chambre de Namur, sous la direction de Jean Tubery.

Lambert de Sayve, natif de Liège, fait partie de ces musiciens franco-flamands du début du XVIIème siècle qui, comme leurs contemporains en Allemagne, ont été fortement influencés par l'écriture sacrée polychorale italienne. Il ne fait donc pas exception à cette recherche de l'expressivité et, surtout, de l'ampleur, de la plénitude et des couleurs sonores. Toutefois, ils apporte la touche particulière à savoir une forme inévitable d'intériorisation, de solennité toute maîtrisée.

Lambert de Sayve - messe du sacre de l'empereur Matthias
La messe, ici admirablement restituée par Jean Tubery avec le raffinement et le magnifique sens des nuances qu'on lui connaît, constitue en fait un corpus de sources très diverses.  Les parties traditionnelles de la messe (Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei) sont issues de la Missa super Dominus Regnavi à seize voix en quatre chœur. Cette configuration confère à la messe une réelle ampleur. Elle tout à fait conforme au rang du mandataire de cette messe, l'archiduc Matthias en Autriche. D'autres parties de cette messe de couronnement proviennent de Symphonies Sacrées écrites par Lambert de Sayve, parmi un corpus de plus d'un quarantaine de motets avec des effectifs vocaux allant de 4 à 16 voix.  Enfin, des pleins chants ponctuent cette messe, issus du Graduale Romanum écrit par Jean Moretus en 1599 (et interprétés pour l'occasion par l'ensemble belge de chant grégorien Psallentes).

L'ensemble paraît tout de même assez homogène alors que son origine est si composite.

Malgré les origines italiennes dans la recherche d'une certaine richesse harmonique et de couleurs que procurent la combinaison des voix avec, notamment les cornets à bouquin (par exemple très représentatives dans l'Alleluia - piste 8), cette messe reste assez austère, d'une posture finalement très hiératique et encore tenue par les origines qu'elle puise à la fois dans les traditionnelles antiennes mais également dans les compositions polyphoniques des grands maîtres franco-flamands comme Roland de Lassus ou Adrian Willaert.

Je tourve donc que, contrairement à Heinrich Schütz qui avait réussi une fusion exemplaire entre l'éclat italien et l'intimité, le recentrage luthérien sur l'homme, Lambert de Sayve, reste finalement assez ancré dans ses racines franco-flamandes, n'exploitant des compositeurs du sud que la plénitude sonore polychorale mais en restant ancré dans une certaine austérité.

Cette messe est tout de même fascinante pas son oscillation permanente entre les racines  "primitives" de l'art polyphonique et la recherche d'expressivité qui sera ensuite sublimée par le baroque.

Lien direct vers la page du label Ricercar consacrée au disque pour plus de détails et écouter un extrait.

Messe pour le Sacre de l'Empereur Matthias  - Lambert de Sayve de Namur - La Fenice et le Choeur de Chambre de Namur - Direction de Jean Tubery - Label Ricercar


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