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Procol Harum - A Salty Dog (1969)

Publié le 24 février 2009 par Oreilles
Disque étalon d'une (énième) année majeure des fertiles sixties, le 3ème Procol Harum vient à point nommer enfoncer le clou du psychédélisme anglais, et rappeler si besoin est, l'aura sans pareille de ce groupe fondateur. Après les coups d'essai de Procol Harum (1967) et de Shine On Brightly (1968) contenant leur lot de morceaux aventureux, mais aussi les singles fédérateurs qui vont avec, dont les mega-connus "A Whiter Shade Of Pale", "Conquistador", ou "Quite Rightly So", le groupe du parolier de l'ombre Keith Reid, est définitivement installé parmi les parangons du rock progressif.
Rock progressif, en voila une terminologie qui sonnait comme un gros mot, jusqu'à ce que Radiohead s'en trouve affublé (on se demande pourquoi !) à la faveur de quelques expérimentations à l'orée des 00's. Mais, et on est bien d'accord, ce qui sonnait comme une grosse verrue éclatée chez les affreux bavards de Yes ou Genesis, étaient infiniment plus respectables chez leurs compatriotes de Procol Harum, qui eux au moins, savaient allier leurs obsessions symphonique à l'art de la concision. "Salty Dog" signifie loup de mer en argot,d'où le visuel de pochette qui détourne habilement une publicité sur le tabac. Cet album marque une étape : il est déjà le dernier du line-up d'origine. Gary Brooker est toujours ce chanteur puissant, capable de balancer des trésors d'émotion dans le morceau d'ouverture qui donne son titre à l'album, assurément l'un des plus beaux de l'histoire de a pop. Ou bien homme à chanter un blues aviné ("Juicy John Pink") tel que Jim Morrison aimait les interpréter dans L.A Woman, quand ce n'est pas la ballade crépusculaire qu'est "Too Much Between Us", qi est interpétée aec une infinie douceur. Mais sur A Salty Dog, Brooker délaisse un peu le micro ; il le donne au formidable Robin Trower dont l'inventivité guitaristique n'est plus à prouver, preuve en est ce solo d'anthologie qu'il prend sur le furieux "The Devil Came From Texas". C'est aussi lui qui chante en lead le désabusé "Crucifiction Lane". Matthew Fischer, l'organiste n'est pas en reste, qui s'approprie la tropicale "Boredom", "Wreck Of The Hesperus", l'autre grand moment lyrique du disque, elle aussi divinement arrangée à grand renfort de cordes. "Pilgrims Progress" lui donne enfin l'occasion de s'épancher vocalement, tout en distillant ses merveilleusese notes d'Hammond B3, dont la richesse ne se retrouve guère à l'époque en Angleterre que chez des orchestres tels Vanilla Fudge ou Traffic, ou bien chez les cousins canadiens de The Band. Jamais grandiloquent ni précieux, Procol Harum sait au contraire convier à de grands moments d'électricité, j'ai nommé l'étourdissant "The Milk Of Human Kindness" asséné au pas de charge par Trower et aussi ce fulgurant batteur qu'est B.J Wilson ; les musiciens se renvoyant la balle dans un beau numéro de duettiste sur "The Devil...." En 2009, cet album déjà vieux de 30 ans n'a pas pris unne ride, et mériterait d'être ànouveau mis en lumière par le biais d'un coffret anniversaire qui a si souvent cours de nos jours. Car, on a beau chercher parmi les très nombreux challengers de ladite année, dans mon Panthéon personnel, c'est A Salty Dog qui trone au firmament ! en résumé : finies les citations de Bach et d'Albinioni, ce qui n'ôte pas une once de majesté ni de tonus à cette oeuvre majeure, à l'aube naissante d'un rock progressif anglais des plus complaisants. A work of art, comme ils disent....

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"Pilgrims Progress"

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