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Essai : "Du livre au film : l'adaptation cinématographique"

Par Alban Ravassard

Aujourd’hui je vous propose un nouvel essai sur le cinéma qui a pour sujet l’adaptation cinématographique d’œuvres littéraires et le problème que pose leur transposition à l’écran. Bonne lecture et n’hésitez pas à laisser vos commentaires, avis et autres !

 

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Comme le souligne l’affiche de ce merveilleux film qu’est « Adaptation » de Spike Jonze, l’adaptation n’est pas une chose aisée. La forme littéraire et la forme cinématographique ne sont certes pas si éloignées l’une de l’autre. La différence majeure est qu’en lisant un livre on s’en imagine sa propre version alors qu’au cinéma nous sommes face à une vision particulière, celle d’un auteur, qui nous est imposée. Peut-on passer correctement de la forme littéraire à la forme cinématographique ? La forme littéraire est plutôt exclue du cinéma sauf dans des cas particuliers et le premier me venant à l’esprit est « Ne touchez pas à la hache » l’adaptation récente de Balzac par Jacques Rivette.

 

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Littérature et cinéma sont deux langages très distincts et le problème actuel est que beaucoup trop de personnes ont tendance à négliger ce point. Il en résulte un nombre incalculable d’adaptations littéraires qui sont de vraies déceptions. Adapter un livre de manière correcte au cinéma est-ce impossible ? Je ne le pense pas. Mais un tel processus force à faire des choix. En effet, il est impossible et impensable de porter à l’écran tous les détails contenus dans un livre. De même, un bon livre ne fait pas forcément un bon scénario.

 

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A mon sens, les adaptations actuelles sont pour le plus grand nombre décevantes. Je l’explique par une chose toute simple : les auteurs et réalisateurs en charge ne se détachent pas assez du matériel littéraire mis à leur disposition. Voulant être trop respectueux de l’œuvre à adapter, ils n’y insufflent pas leur vision personnelle, de peur de décevoir le public qui a apprécié le livre. Un réalisateur qui avait bien compris qu’il fallait opérer de la sorte, et se détacher du matériel originel mis à sa disposition est Stanley Kubrick.

 

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Ce dernier se détachait parfois tellement des livres que cela lui valait un rapport plutôt conflictuel avec les auteurs de ces derniers. Mais il suffit de revoir « Shining », « Full Metal Jacket », ou « 2001, l’Odyssée de l’espace » pour se rendre compte du génie qu’avait Kubrick dans l’adaptation. Il savait imposer sa propre vision et doubler ainsi celle proposée par l’auteur du livre. C’est un véritable approfondissement que proposait Kubrick à son public et cela ça n’a pas de prix. C’est de nos jours il me semble une solution qu’il faudrait envisager.

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J’en veux pour preuve un autre exemple de détachement de l’œuvre originale qui a donné un chef-d’œuvre du cinéma : « Apocalypse Now » de Francis Ford Coppola. Le véritable enjeu d’un auteur-réalisateur ou d’un scénariste s’attaquant à une adaptation est donc de réussir à se débarrasser de toute forme littéraire (à moins que la conserver soit un choix artistique conscient ou nécessaire) et d’opérer un passage, que l’on sait difficile, d’un langage à l’autre. Adapter c’est donc avant tout traduire. Mais c’est aussi faire des choix difficiles et approfondir, voire se réapproprier le contenu de l’œuvre originelle.

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En ce sens, si beaucoup d’adaptations cinématographiques de livres à succès sont opérées, du fait de la fascination et du matériel de base qu’ils fournissent à des auteurs et/ou réalisateurs (et notamment ceux qui sont en manque d’inspiration), il est de moins en moins rare de voir les auteurs de ces œuvres littéraires vouloir ou opérer un passage derrière la caméra. Ainsi, ils pensent conserver l’intégrité de leurs œuvres. Mais n’est pas réalisateur qui veut et nous en revenons au fameux point souligné quelques lignes plus tôt : la différence des deux langages.

 

Essai :

Dernièrement nous avons ainsi pu voir Bernard Werber passer derrière la caméra (non sans une certaine once d’intérêt) et d’autres se rajoutent à la liste en la personne de Marc Levy (sic) et Michel Houellebecq qui adapte en ce moment même son roman « La possibilité d’une île ». Cependant, dans ce dernier cas, l’auteur est un ancien élève de l’école Louis Lumière ce qui change beaucoup de choses. Je terminerais par ailleurs cet essai par une citation d’un illustre anonyme: « C'est au commerce de s'adapter à l'art, et non pas à l'art de s'adapter au commerce ». A méditer.


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