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Mercredi sans doute

Publié le 25 février 2009 par Menear
1
Fait beau aujourd'hui, dit le type yeux foncés dans ceux des autres, une ligne de souffleur d'air condensé de 8h, sur le quai du RER. Derrière ce n'est plus la nuit qui s'écoule dans le fond des panneaux publicitaires mais le jour, clair, qui s'étend peu à peu. Doucement l'hiver pèle.
2
D'incongrus aux premiers regards froncés, tout les détails de ma traversée quotidienne muent banals, anecdotiques. Le matin, porte du Pont Neuf, le type dans son sac de couchage entre le Darty et les escalators, il se retourne dans son sommeil. Il serait devant les marches de l'escalator, entre la jointure du sol et les marches aplanies-avalées, on l'enjamberait quotidiennement que ça ne changerait rien. La colonne droite de l'autre, sens inverse, fin de journée, qui prie, yeux fermés et genoux pliés entre deux barrières automatiques, pareil, le même. Il m'avait fasciné lors de notre rencontre, je le bouscule à présent et son gobelet vide d'aumône se renverse.
3
A midi je sors du bureau, croise Niko Bellic sur le seuil, je lui tiens même la porte. Il entre, monte les escaliers. Je ne veux pas savoir ce qu'il a à faire quelques étages plus haut, quel cadavre tombera de son chapeau, quels flics viendront m'interroger, plus tard dans la semaine. Moi je ne sais pas, je ne sais rien, juré, je n'ai tenu la porte pour personne, n'ai pas regardé son visage.
4
Je jette un œil à ma boite mails : depuis quelques jours, je suis le seul expéditeur et destinataire de tous mes courriers reçus. Je m'écris la journée des notes internes à moi-même et brouillons enchevêtrés de billets à mettre en ligne le soir. Je relis attentivement des versions clonées de Coup de tête que je m'envoie d'un compartiment à l'autre, d'un coin de la boite à celui d'en face. Je laisse mon œil sur l'écran, me demande combien de ressource, serveur, câblage et autre il faut pour s'envoyer à soi-même le contenu d'une page fixe.
5
Depuis lundi les semaines sont plus longues, j'ignore combien de temps ces distorsions dureront. Je rentre le soir, la fatigue coulée dans les bras, fatigue par anticipation : je sais qu'à travers les jours prochains elle se propagera. Chopin joue trop vite entre mes tempes, je n'ai pas d'autre interprétation sous la main. Le train s'arrête à quai, je descends à nouveau, cela dure depuis quatre mois maintenant. Le fleuriste est fermé, sur la droite, signe que nous sommes mercredi sans doute, qu'il faut continuer.

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