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Hester Lilly d'Elisabeth Taylor

Par Sylvie
Hester Lilly
Editions Rivages, 2007
L'oeuvre d'Elizabeth Taylor, récemment redécouverte en France grâce à Angel, le film de François Ozon, va être entièrement traduite par les éditions Rivages. Fine psychologue, elle est considérée comme l'une des grandes auteurs anglaises du 20e siècle. 
Ses romans sont des brillantes comédies de moeurs où perce une ironie mordante ; les personnages sont des perdants, frustrés par la vie et n'arrivent pas à aller au bout de leurs sentiments. 
Hester Lilly est une jeune fille orpheline recueillie par son cousin Robert, directeur d'une école. Muriel, sa femme voit d'un très mauvais oeil la venue de cette jeune femme ; l'irruption d'un tiers dans son couple pourrait le mettre en péril.

Mais Esther est une jeune fille maladroite, gauche et timide qui a peur de ses sentiments ; au contraire, Muriel veut se montrer en tant qu'épouse sûre d'elle même : elle va donc briller en société grâce à ses beaux bijoux ; mais tout est factice ; derrière son assurance, se cache son désarroi et son incapacité à sauver son ménage.

Mais Robert est trop imbu de ses principes pour oser s'avouer et entreprendre quelque chose ; quant à Hester, elle est terrifiée à l'idée d'être amoureuse ! Et puis Muriel l'impressionne tellement !
Elizabeth Taylor peint avec ironie des personnages englués dans leurs sentiments et leurs frustrations ; ils demeurent impuissants à assumer leurs destins, embourbés dans leur solitude. 
Finalement, il n'y aura aucun gagnant, aucun perdant. Le roman, s'annonçant comme une guerre psychologique, n'est qu'un révélateur des faiblesses de l'âme humaine. 
Taylor parvient brillamment à rendre palpable la déception,la frustration des individus ; on peut rire jaune d'une telle mascarade et d'une telle peinture des amours perdus : on s'aime et on n'ose se l'avouer, on ne s'aime plus et on ne parvient pas à s'y résoudre !
Voici un extrait particulièrement mordant !
" il se retourna et parut s'endormir ; mais elle avait des doutes et elle resta longtemps à écouter sa respiration régulière, continue. a un certain moment, pour le mettre à l'épreuve, elle l'effleura du dos de la main, mais il ne se tourna pas vers elle, comme il l'aurait fait des années plus tôt; je ne peux pas l'attirer à moi, pensa-t-elle affolée. Je ne peux pas arriver à mes fins. Elle se réveilla complètement, gagnée par l'envie qu'il lui fasse l'amour ; qu'il lui prouve son besoin d'elle. de sorte qu'elle puisse réclamer son attention, et ainsi le dominer ; mais, à la longue, elle souhaita seulement combattre ses propres désirs, inhabituels et humiliants tels qu'ils l'étaient pour elle. Etendue tout près de lui, elle dissimula sa honte en feignant le sommeil. Quand elle ne remua pas, ne voulut pas remuer, sa tendresse se durcit en ressentiment. Elle se haussa et le regarda. Il avait un profil grave, les cheveux ébouriffés ; le souffle régulier. C'est impossible qu'il dorme, se dit-elle tandis qu'elle se penchait vers lui, posait la joue contre son front, sans plus déguiser ni cacher le désir qui l'animait. 
Son immobilité la dérouta et, au bout d'un moment, vidée et épuisée par cette expérience, elle se détourna et s'allongea sur le côté, écoutant son coeur battre la chamade, se sentant prise de vertige; Si je pouvais redevenir jeune ! songea-t-elle. Si je pouvais être jeune !"
Voila pour l'ambiance générale ! Le seul reproche que je ferais est le caractère un peu trop british de cette histoire ! L'histoire se passe près d'une école victorienne et on insiste beaucoup sur les manières en société !
Mais sinon, c'est vraiment bien !
Vous pouvez également lire l'article de Clarabel sur : http://blogclarabel.canalblog.com/archives/2007/06/19/index.html


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