Magazine Culture

La condition, Jennifer HAIGH

Par Geybuss

LA CONDITION, de Jennifer HAIGH
LA CONDITION, de Jennifer HAIGH

Résumé : Cape Cod, été 1976, comme chaque année, Franck, son épouse Paulette et leurs trois enfants passent leurs vacances dans la demeure familiale. C'est à la plage que Franck est frappé par l'apparence de sa fille. A treize ans, Gwen a encore la taille d'une fillette...
Le diagnostic est sans appel : Gwen est atteinte du syndrome de Turner. Elle ne grandira pas et restera a jamais prisonnière de son corps d'enfant. Pour tous, ce verdict signe la fin des jours heureux.
Vingt ans plus tard, à nouveau réunis dans la villa de Cape Cod, les membre de la famille, un à un, tentent une dernière fois d'accepter - et de faire accepter - leurs choix d'existence.
Nouveauté Michel Lafon, sortie en février 2009
Mon humble avis :Quel magnifique roman qui, sur une trame dramatique parvient à insuffler des vents d'optimisme multicolore ! Et pourtant, d'après la 4ème de couverture, je m'attendais à un mélo.... Que nenni. Mais parlons en de cette quatrième de couverture. Elle est bien curieuse et peu courante. Elle nous parle des 40 premières pages et... des quarante dernières sans bien sûr livrer le dénouement !
Le roman porte donc sur l'entre les deux....
La famille, c'est Franck et Paulette (étrange prénom d'ailleurs pour un roman américain), les parents. Ensuite, viennent les enfants, Billy, Gwen, et Scotty.... Et la découverte de ce terrible syndrome qui va conduire la famille à l'explosion. Le divorce tout d'abord... Paulette reproche à son mari Franck, scientifique dans la recherche très renommé, de ne voir dans sa fille qu'un cas de laboratoire....  Franck pense que Paulette refuse la vérité, vie dans le déni... Puis les enfants grandissent... Tout le monde s'éloigne géographiquement, relationnellement, sentimentalement.
C'est donc ces 5 destins que l'auteure nous conte. Cinq vies qui au début, tout reliait et qu'au fil du temps, tout ou presque sépare. Chaque personne vit ses joies, ses peines, ses fiertés, son hontes, ses erreurs, ses regrets, ses craintes, ses réussites, ces échecs, ces doutes.
Il y a aussi la jalousie de l'un envers en frère à qui tout réussi, l'exaspération d'un fils envers son père pour qui il ne sera jamais assez bien, la honte de celui qui se pense raté car négligé, le sujet tabou de la maladie de cette petite soeur ultra couvée par une mère qui effectivement, ne la voit pas grandir.  Et le pire, comme le fait comprendre l'auteur, c'est que toutes ces rancoeurs, rancunes, remontrances se font en silence, dans le non dit. Tout est cloisonné. Rien est avoué donc tout est mal compris par l'autre.
Je me suis interrogée sur le titre (le même qu'en Anglais), "La condition"....
Est ce la condition ressentie par chacun comme essentielle pour se sentir aimé, aimable, réussi...
Ou est-ce la condition unique à tous pour se sentir aimé, compris... Cette condition serait l'amour, la tolérance, la communication et surtout, le respect des différences... (Bon pas très uniques mais un peu redondantes ces conditions ). Donc condition individuelle ou collective ?
Bien sûr, on se demande comment l'écrivaine va s'y prendre pour réunir tous ces protagonistes. Mais ça, bien sûr, je ne vous le dirai pas.
En tout cas, c'est dans un style très fluide, sans vulgarité (quel bonheur !) et pas prétentieux non plus que Jennifer Haigh nous dresse le portrait attachant de ces 5 personnes qui au fil des pages, acceptent leurs erreurs, en font d'autres, en pardonnent, ou n'en pardonnent pas,  s'ouvrent aux autres et trouvent, une voie, leur voie ou une nouvelle voie... Ainsi, l'on comprend qu'il n'y a pas qu'une seule recette pour réussir son bonheur, et encore moins qu'une seule vitesse pour y accéder. Chacun son rythme, sa façon, chacun sa définition, mais pourquoi le bonheur ne serait réservé qu'à certaines personnes... ?
Comme vous le voyez, je parais intarissable sur "La condition". Beaucoup trop de choses à dire sur le livre mais qu'il me faut taire pour garder la part du mystère. Vous devrez donc lire ce livre. La majorité d'entre nous ayant la chance d'avoir une famille, je pense aussi que chacun des lecteurs se sentira concerné d'une façon ou d'une autre, par un personnage ou un autre.
Conclusion : Un très beau roman, une histoire magistralement traitée, avec beaucoup de tact et de finesse dans l'analyse des personnages, des rapports humains et familiaux... 

Une fois de plus, je remercie Silvana Bergonzi et les Editions Michel Lafon pour cette formidable lecture.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Geybuss 1558 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines