Je ne résiste pas à l’envie de parler de M. Obama. Le choc culturel provoqué par son élection (et la capacité de rebondir de l’Amérique) me semble sans précédent. C’est l’Amérique qui bascule dans la pluralité. Charisme, décontraction, élégance, M. Obama a ce quelque chose dans sa présence qui nous fait penser à la sincérité, l’authenticité. Tout autant qu’il redonne un sens à la « chose » politique, sa seule présence symbolique, redonne un sens à la « marque » Amérique.
L’homme semble avoir touché du doigt cette profondeur propre aux grands leaders. Il a cette vision, ce regard, cette capacité de « voir » l’autre, sa différence. Ces « valeurs intangibles » qui suscitent l’adhésion et transcendent les clivages. Comme si l’Amérique l’attendait… N’êtes-il pas là au bon endroit, au bon moment pour répondre à cette foutue insécurité dans laquelle nous sommes plongés. Réduire nos peurs, notre ennui. Nous faire retrouver cette autre Amérique. Celle de George Whashington, Martin Luther King, John Kennedy… Andy wahrol n’en n’aurait-il pas déjà fait une icône avant même son élection…
Cette élection n’est-elle pas la mise en pratique de ma précédente note « Symbolisme et chefs d’entreprise ». M. Obama n’est-il pas l’exemple de ce leader symbolique nécessaire à la production d’avenir. Une alchimie complexe qui fait qu’aujourd’hui, à un moment donné de son histoire, ce pays soit en phase avec ses citoyens et son futur. Cette alchimie n’est-elle pas l’essence même du branding. Faire émerger de la complexité de l’entreprise et de son environnement, cette synthèse, cette idée force qui confère à la marque son sens, sa raison d’être. Quelles valeurs et comment les incarner. Comment créer une dynamique, accélérer « l’avenir ». Autant de questions que se posent le branding. Les réponses étant loin du modèle mathématique. Elles nécessitent une véritable sensibilité de l’entreprise, une compréhension des systèmes culturels, sociaux, politiques, économiques, enfin un excellent esprit de synthèse et une bonne dose d’intuition. (L’intuition dans le sens d’une restitution ciblée et spontanée de la somme de ses expériences.)
Cette élection nous pose aussi cruellement le problème de l’Europe. Cette Europe où nos dirigeants (si compétents soient-ils) ne sont que des chefs de gouvernement et non des présidents. Pourquoi pas l’émergence d’un homme ou femme d’État charismatique qui produirait du sens et du futur ? Pourquoi l’alchimie ne fonctionne-t-elle pas. La raison est-elle l’absence d’un leader ou bien cet « avenir » n’est-il pas suffisamment mûr pour s’incarner dans un leader ? (Je penche pour la seconde solution mais la question reste ouverte.) Où est cet homme d’État qui sauvera la « marque » Europe ? Que peut faire le branding dans un tel cas de figure, beaucoup de choses à mon sens, mais ce sera peut-être l’objet d’une prochaine note.
Bien sûr M. Obama doit être encore mis à l’épreuve des « valeurs tangibles », confirmer la qualité des « produits » qu’il nous propose, la réalité de sa politique à la Maison Blanche. Ses chances de réussite, dans la pratique, sont pourtant moins qu’évidentes. Le monde, car c’est à son ensemble qu’il s’adresse, n’est-il pas un immense paquebot qui corrige sa trajectoire trop lentement. Et puis, aura-t-il le courage, les compétences... En tout état de cause, il a fait naître un grand espoir. Et redonné un sens à la « chose » politique. La seule symbolique de sa présence pourrait-elle influencer l’Amérique, l’ensemble du monde ?… Aujourd’hui nous ne douterons pas de sa capacité a remplir cette tâche brillamment.
Félicitations ! M. Obama pour votre exceptionnelle réussite. Sachez que nous sommes prêts à relayer tous les changements que vous ne manquerez pas d’initier, si les « valeurs tangibles » de votre politique sont à la hauteur de votre exceptionnelle présence. J’ai au fond de moi le fort pressentiment que vous ne faiblirez pas… « Yes, you we can ! »