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Dans le goût de Tennessee : la tirade de Thelma

Publié le 09 mars 2009 par Sheumas

   Le retour amorcé hier vers Tennessee Williams me donne l’occasion de revenir aujourd’hui sur le texte du Tennessee club et sur un moment que j’aime beaucoup. Le discours de Thelma qui crie son désespoir et sa frustration de femme à la face de son mari est servi par le jeu sensible de l’une de mes meilleures comédiennes pour qui j’avais créé un rôle « sur mesure ». Je mets en ligne le texte et puis l’extrait publié sur you tube.

« Thelma : écoute la voix d’une femme pour une fois Tom ! Ecoute la voix d’une femme ! (Elle regarde la bouteille comme si elle y puisait un nouveau courage) Toi, tu parles jamais autant que quand t’as une bouteille dans la main ! Maintenant, c’est à mon tour ! La bouteille, c’est mon porte voix !… Ecoute-moi bien, je vais te dire quelque chose que je pense vraiment !… Tu as deux visages… Quand tu es saoul, les mots que tu dis ne t’appartiennent plus !… Alors fais pas de scandale en public ! Ca n’intéresse personne ! Montre-nous plutôt ton vrai visage ! (Dans un accès d’héroïsme elle le tire par le bras et le plante devant Stella) Montre-le lui donc à elle ! Montre-lui comment tes mots savent aussi caresser !… (Elle devient lyrique) Montre-lui comme tu es gentil, comme tu es tendre !… Allez… fais-lui envie !… Elle a jamais connu ça, elle !… Joue-lui ton numéro !… Tiens, redis moi ce que tu m’as dit hier dans la nuit bleue… Je te revois, tu avais une jambe nue qui sortait du drap, les yeux grands ouverts gonflés d’amour… (Elle le lâche, s’adresse tour à tour à Flora,, à Rose et puis plus tendrement à Violette, devient lyrique) Hier dans la nuit bleue… On avait ouvert la fenêtre, je m’étais accoudée sur le rebord… tu me regardais… l’air était frais(De plus en plus exaltée) Hier, dans la nuit bleue, les étoiles scintillaient sur la grande toile du ciel… tu me regardais… Hier, dans la nuit bleue, la lune avait passé une fine couche de vernis sur le sable jaune… Hier, dans la nuit bleue, l’enseigne dorée du « Tennessee club » mettait sa signature sur le tableau… Tu me regardais… avec tes cils en pinceaux et tes grands yeux de peintre de l’amour… et tu m’as dit… (Elle cesse brutalement de rêver et redevient violente) Allez dis-le devant tout le monde… Dis le ou je bois…

(Il lui arrache la bouteille et l’embrasse comme on embrasserait une fille de cabaret avant de la repousser. Charlie vient aussitôt pour s’interposer. Tom sort alors un révolver et se met à menacer Charlie) »

La vidéo est écourtée, une bonne lecture la situera. Je vous laisse à présent savourer le jeu des comédiens !

par Eric Bertrand publié dans : Ecriture et réécriture communauté : Voyage et écriture
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