Magazine Cinéma

The Midnight Meat Train de Ryuhei Kitamura

Par Geouf

Résumé: Photographe professionnel ayant du mal à percer dans le métier, Leon (Bradley Cooper) est obsédé par l’idée de photographier le « cœur de la ville » de Los Angeles. Une célèbre galeriste, intéressée par son travail, lui conseille de prendre des risques et de photographier la réalité sordide de la ville. Lors d’une sortie nocturne, Leon tombe sur un étrange personnage, Mahogany (Vinnie Jones) qui semble être à l’ origine de plusieurs disparitions dans le métro. Intrigué par cet homme et ses activités, Leon devient bientôt totalement obsédé par celui-ci…

 

Clive Barker est un des meilleurs écrivains d’horreur actuels, mais aussi l’un des plus mal lotis au niveau des adaptations de ses écrits, déjà fort peu nombreuses. Car si Hellraiser ou Candyman sont de véritables chefs d’œuvre horrifiques, on ne peut pas dire que ce soit le cas de Rawhead Rex ou de Transmutations… Le problème vient probablement du fait que les nouvelles et romans de Barker sont souvent extrêmement sexuels et déviants, reflétant sans ambigüité aucune le goût pour le sadomasochisme de son auteur. Par conséquent, difficile de trouver des réalisateurs capables de relever le défi et surtout des studios prêts à financer de telles adaptations. C’est pourquoi Clive Barker a récemment décidé de prendre le taureau par les cornes et de produire lui-même des adaptations de ses œuvres. Avant le très attendu Book of Blood, The Midnight Meat Train est la première de ces adaptations. Et pour garantir une certaine intégrité artistique, le studio et Barker n’ont pas choisi n’importe qui puisque c’est le trublion Ryuhei Kitamura qui signe le film. Un Kitamura dont c’est le premier film en langue anglaise, et qui s’est fait connaitre grâce au très énervé Versus et à travers ses expérimentations visuelles sur les excellents Azumi et Aragami notamment. La bonne nouvelle, c’est qu’il signe avec The Midnight Meat Train une des meilleures adaptations de Clive Barker, tout en ne reniant pas le style qui a fait son succès…

A partir d’une nouvelle assez courte (qui en fait ne raconte que la dernière demi-heure du film), Clive Barker et son coscénariste Jeff Buhler ont réussi à tirer un scenario tout à fait correct qui ne sent pas la sauce rallongée. La bonne idée, c’est d’avoir centré l’histoire sur la quête obsessive de Leon, incarné par un Bradley Cooper réellement habité, quête qui le conduira à sa perte et à celle de ceux qu’il aime (sa petite amie et son meilleur ami). Le film prend son temps pour introduire et développer ses personnages, qui pour une fois ne sont pas clichés. Notamment le personnage de Maya (la très mignonne Leslie Bibb, vue entre autres dans Talladega Nights en femme de Will Ferrell), la petite amie de Leon, est bien écrit et a une réelle importance dans le récit, ce qui fait que l’on s’attache vraiment à elle. Mais bien entendu, le personnage le plus intéressant reste celui du mystérieux Mahogany, boucher et serial killer à ses heures. Vinnie Jones est définitivement fait pour le rôle et sa carrure imposante correspond parfaitement au personnage de ce tueur mutique et méthodique aux motivations obscures. On saura gré aussi aux scénaristes d’avoir gardé la fin sans concessions de la nouvelle, qui n’est pas sans rappeler un fameux épisode des Contes de la Crypte (Mournin’ Mess dans la saison 3 de la série).

En fait, le seul reproche que l’on peut réellement faire au film c’est que parfois Kitamura va un peu trop loin dans les expérimentations visuelles, réduisant du coup l’impact de certaines scènes. Parce qu’un œil en images de synthèses qui gicle d’une orbite après un coup de marteau, c’est marrant mais aussi un peu ridicule. De même qu’une scène de combat dans un métro vue depuis l’extérieur dudit métro n’est pas forcément ce qu’il y a de plus facile à suivre pour le spectateur. Mais on appréciera le fait que le réalisateur ne lésine pas sur le gore et emballe quelques scènes impressionnantes de pure terreur. On retiendra notamment une percutante introduction, ou une scène de préparation des cadavres très clinique et dérangeante. Le meilleur passage du film reste tout de même la scène classique de l’exploration de l’appartement du tueur, dans laquelle la virtuosité de Kitamura est réellement mise au service de la tension : le truc de la camera qui passe au-dessus des pièces de l’appartement (comme Spielberg le faisait dans Minority Report) est ici brillamment employé.

Au final, The Midnight Meat Train est donc un bon film, une adaptation respectueuse de son matériau d’origine, mais portant la marque de son réalisateur. Espérons que la suite des films tires des œuvres de Clive Barker confirme cette première bonne impression…

Note : 8/10


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