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Quand les maladresses politiques de Sarkozy mettent en danger l’industrie nucléaire française

Publié le 13 mars 2009 par Dornbusch

Quoique peu commenté dans la tourmente économique actuelle le rapprochement entre le géant allemand Siemens et la société nucléaire russe Ros-Atom est une très mauvaise nouvelle pour la politique industrielle française et particulièrement le groupe Areva, qui pourtant n’avait pas besoin de cela en ce moment.

Quand les maladresses politiques de Sarkozy mettent en danger l’industrie nucléaire française

Lorsque le gouvernement socialiste de Lionel Jospin, et particulièrement DSK, a patiemment construit le groupe Areva à la fin des années 90 en rapprochant la branche “publique et franco française” issue du Commissariat à l’Energie Atomique (Cogema essentiellement) et la branche “privée et franco américaine” (Framatome essentiellement) il a trouvé dans la corbeille l’accord Framatome Siemens signé quelques années avant et qui avait eu entre autres pour objectif de “sauver” le savoir faire allemand dans le contexte de l’arrêt du nucléaire en Allemagne.

Certes cet accord n’a pas  eu que des bons cotés. Il comprenait entre autre une clause sur la fourniture de turbines Siemens dans les futures centrales, clause catastrophique pour la relation Areva Alstom et le savoir faire français en matière de turbines.

Il a également conduit Areva à se considérer imprudemment comme un fournisseur de centrales “clef en main” (alors qu’il n’était en fait qu’un équipementier de centrales construites par exemple par EDF) et que le chantier de construction d’une centrale en Finlande pilotée par Siemens avec Areva comme principal fournisseur tourne au désastre (presque 100% de pertes).

Alors la rupture Siemens Areva peut elle être considérée comme une bonne nouvelle ? Surement pas. Tout d’abord elle intervient au moment ou Areva est extrêmement affaiblie.  La société a malheureusement vécu comme un petit”émirat” nucléaire ces dernières années, bâtissant l’essentiel de ses revenus sur la vente d’Uranium extrait des différentes mines qu’elle contrôle. Comme toutes les matières premières, l’Uranium était au plus haut, donnant une impression de richesse artificielle. Car bien entendu la aussi la bulle a éclaté et la “merveilleuse stratégie” s’est avéré aussi bidon que la richesse de la Russie ou du Venezuela, construite sur la spéculation et non sur la valeur ajoutée.

Quand au tarissement de cette source de richesse s’ajoutent les pertes du réacteur finlandais (bientot celui de Flamanville ?) ainsi que les besoins en capitaux dus aux nombreux projets (une douzaine en Grande Bretagne, USA, Chine etc..) , on comprend que dans un contexte ou les banques ne prêtent plus et ou il est hors de question d’aller en Bourse (enfin de toute façon c’est une solution à exclure) , la situation soit quelque peu tendue…

Et voici que dans le contexte de refroidissement des relations franco-allemandes patiemment construit par le président Sarkozy, les dirigeants de Siemens estiment que la comédie a assez duré et par simple mail signifient qu’ils mettent fin à l’accord, ayant déjà préparé “le coup d’après”, c’est à dire l’alliance avec les russes.

La le problème devient sérieux. Siemens est un géant industriel dont on a peu idée de la taille en France, avec plus de 500 000 salariés et 150 milliards d’euros de chiffre d’affaire. La société russe Rosatom amasse tout le savoir faire nucléaire russe, considérable, il ne faut pas s’arreter à Tchernobyl, amassé sous l’époque soviétique, ainsi que l’accès au marché intérieur russe et aux réserves minières (je serais curieux de savoir combien de temps les dirigeants kazakhs ou mongols résisteraient aux injonctions de Moscou s’il faut récupérer les mines concédées à Areva).

Face à ce monstre, Areva, ses 50000 salariés et sa quinzaine de milliards d’euros de chiffre d’affaire semble bien minuscule. Sachant que se sont également alliées dans le monde du nucléaire des sociétés aussi colossales que General Electric et Hitachi,  on imagine soudain l’isolement ou se trouve notre “leader national”. De là à imaginer qu’il sera bientot obligé de se jeter dans les bras de Total, Alstom, voir Bouygues (quoique la santé de celle ci soit chancelante) et privatisé “sans rien dire” comme Pechiney, Arcelor ou GDF il n’y a plus qu’un pas.

Étranglé financièrement, nain parmi les géants, voila ce que la droite sous Chirac-Raffarin-Villepin puis Sarkozy-Fillon aura fait d’un géant potentiel créé par les socialistes voici presque 10 ans. Ils se seront certainement bien servi sur la bête mais bientôt celle ci aura disparu de nos écrans et sera engloutie dans un géant mondial au service de ses actionnaires.

David Dornbusch

Secrétaire de la section socialiste de Fontenay sous Bois - Blog d’actualité politique de la 6° circonscription du Val de Marne (Fontenay sous Bois, Vincennes, Saint Mandé)

PS: la dernière nouvelle; pour résoudre le problème financier ci dessus, Sarkozy serait pret à laisser entrer des fonds …. du Golfe au capital d’AREVA. Surréaliste. On bloque notre allié historique allemand et on ouvre la porte aux investisseurs du Golfe. On est en plein délire.


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