Roger Druet, merveilleux calligraphe, Musée de l'Imprimerie de Lyon

Roger Druet, merveilleux calligraphe, Musée de l'Imprimerie de Lyon

Un peu de poésie que diable ! oui, de la poésie, de l'art, de l'allégresse !

Si vous habitez à Lyon ou dans la région, un petit tour au Musée de l'Imprimerie de la capitale des Gaules s'impose (> Lien) ... une exposition rend hommage jusqu'au 28 juin au travail du merveilleux calligraphe qu'est Roger Druet ...

Il y a quelques mois, par l'intermédiaire d'une amie commune, j'ai été mis en contact avec ce dernier ... je passerai sur le contenu de la lettre manuscrite – c'est de plus en plus rare – pour m'attarder sur la forme ... j'y découvrais des pleins et des déliés d'une beauté rare ... une poésie immédiate, une douceur inhabituelle, un petit bijou que je me suis surpris à garder caché comme si j'avais dans l'idée de ne pas l'exposer à la brutalité du monde actuel ...

Ces œuvres me rappelaient d'emblée un documentaire sur des calligraphes japonais - peut-être vous ai-je déjà parlé de mon amour pour ce pays ? - ... elles m'évoquaient la solitude de l'artiste en quête d'harmonie ... je décelais l'amour du travail bien fait, la recherche d'éternité ... elles m'emplirent surtout d'une vive émotion à l'idée que Roger Druet est encore de ceux qui échappent au constant et dangereux développement de l'électronique ...

Si vous ne connaissez pas le travail de cet homme, allez donc faire un tour sur son site (> Lien) ... mieux encore, je vous suggère d'acheter L'allégresse de l'écriture, Atelier Perrousseaux éditeur, Les amis du musée de l'imprimerie de Lyon ...

« Une calligraphie devrait engendrer le silence, car elle n'a pas pour but de l'expliquer. » nous dit Roger Druet dont les œuvres ressemblent parfois à des danses choréGraphiques comme il le dit lui-même ... j'aime aussi quand il évoque l'investissement totalement physique du calligraphe : « tout notre corps se retrouve dans une dynamique, prolongement de notre flux sanguin » ... plus loin : « Rendre vie à une lettre c'est entendre sa voix. » ... le corps, la voix, la musique aussi : « Très jeune, les graphies orientales, les enluminures du Moyen Âge, les textes phylactères dans les images, me donnèrent l'envie de dessiner des mots, pour en exprimer la musicalité. » ...

On retrouve d'ailleurs des citations d'hommes illustres dans ce recueil : Igor Stravinsky : « La musique, c'est d'abord de la calligraphie. » ...

Roland Barthes :

« Pour Roger Druet, à l'égal des anciens calligraphes, écrire n'est pas seulement une activité technique, mais une pratique corporelle de jouissance. Dans ses compositions comme Masson, Dotremont, Twombly, Tobey, il nous transporte dans un espace poétique, un univers du signe qui est celui de l'art, où le vierge est l'infiniment possible. »

Ou encore Michel Butor, dont je vous avais parlé ici-même :

« Alors que tant d'instruments commodes mais grossiers font oublier chez nous les pleins et les déliés d'antan que l'Islam, le Japon, la Chine développent en expressivité si vaste, Roger Druet lance ses vagues d'encre à l'assaut de nouveaux rivages, à la conquête de nouveaux mondes industrieux et harmonieux. »

Roger Druet est pour moi un passeur ... un relais indispensable entre le passé et le présent ... en ce sens, son travail tend vers l'universel ...

Cet homme mérite notre attention la plus vive ...

La plus respectueuse ...