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En attendant le film #1 : La nostalgie de l'ange / The lovely bones

Par Rob Gordon
Le 8 mai 1981, une jeune femme de 18 ans nommée Alice Sebold est violée dans un souterrain menant à un amphithéâtre de l'université de Syracuse. Dix-huit ans plus tard, elle publie Lucky, premier roman autobiographique racontant l'après, le procès, les ravages d'un tel drame. Un évènement de ce genre marque une vie à jamais, ce que semble indiquer la suite de sa carrière : en 2002, Sebold sort La nostalgie de l'ange (The lovely bones en V.O.), roman dont l'héroïne est une fille de 14 ans qui observe ses proches du paradis après avoir été violée et tuée par un voisin.
On comprend aisément ce qui a attiré Peter Jackson dans cette histoire qui devrait lui permettre de renouer avec l'esprit de Créatures célestes. Le mélange des genres pratiqué par Sebold est pour le moins troublant, puisque ce drame est teinté de film noir, de thriller et de fantastique. Il devrait proposer une vision singulière du paradis, décrit dans le roman comme un univers parfaitement personnalisable, où chaque résident construit sa propre perception des lieux. Il n'est donc pas si étonnant que des divergences artistiques aient donné lieu à quelques conflits sur le plateau. On sait que Ryan Gosling a quitté le projet quelques jours avant le début du tournage (pour être finalement remplacé par Mark Wahlberg), et que les prises de vues ont été interrompues pendant quelques jours suite à un désaccord total entre Jackson et son directeur artistique, notamment sur cette façon de représenter ce fameux paradis.
Qu'on ne s'y trompe pas : même si les évènements sont décrits du point de vue de la défunte Susie, La nostalgie de l'ange se déroule principalement sur la terre ferme, décrivant notamment la façon dont la famille tente de faire son deuil malgré la longueur de l'enquête criminelle - qui empêche toute forme d'oubli - et l'absence de corps - on n'a retrouvé que quelques membres découpés par le tueur. C'est aussi un roman sur la reconstruction, des vivants comme des morts, et sur l'âme vue comme un patrimoine transmissible. Le titre français est plutôt bien choisi : il reflète la mélancolie d'une oeuvre évitant pourtant de sombrer dans le pathos. Sebold manie une plume fort classique mais agréable à lire car d'une grande fluidité. Rien de révolutionnaire dans l'ensemble, mais un bon matériau de départ pour une fresque familiale qui peut permettre à Peter Jackson de donner libre cours à ses élans artistiques. Seule petite crainte quant au film : selon Susan Sarandon, qui fait partie du casting, le cinéaste a exigé de ses interprètes qu'il jouent de façon excessive, voire théâtrale, et qu'elle n'était pas certaine du résultat. On comprend ces doutes, puisque rien dans le roman n'explique ce parti pris.
Côté casting, Saoirse Ronan (Reviens-moi) incarne Susie Salmon, Rachel Weisz et Mark Wahlberg ses parents, Susan Sarandon sa grand-mère, Stanley Tucci le vilain voisin, et Michael Imperioli (le Chris Moltisanti des Soprano) un enquêteur très impliqué dans l'affaire - et plus si affinités. Il y a de l'idée...
Le livre : La nostalgie de l'ange d'Alice Sebold. Disponible en poche chez J'ai lu. 347 pages. 7 euros.
Le film : The lovely bones de Peter Jackson. En post-production. Sortie prévue le 11 décembre 2009 aux États-Unis et le 27 janvier 2010 en France.

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