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Barack Obama et l'étude IBM

Publié le 15 mars 2009 par François Némo @ifbranding


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Deux sources à l’origine de cette note. La première, cette étude passionnante « L’entreprise de demain » réalisée par IBM, la vision de 1130 chefs d’entreprise du monde entier, qui fait le point sur les évolutions qui bouleversent notre planète. Comment ces dirigeants projettent leur entreprise dans le monde de demain. www.ibm.com/doing/fr/ceostudy . La seconde, Barack Obama, l’homme politique qui commence à apparaître derrière le candidat. Une envie de mettre en parallèle ces deux visons, peut-être esquisser à travers cette projection (l’étude d’IBM) et cette politique qui s’installe (Barack Obama), quel monde nous attend pour demain.


L’étude CEO global study

Que nous disent les dirigeants ? Que l’entreprise de demain devra faire preuve d’un respect authentique de la citoyenneté et de l’environnement, préoccupation majeure du public. Qu’elle devra surprendre, se différencier, opter pour des formes d’innovation radicales qui contribuent au succès et à la propre réussite des clients. Définir et piloter les tendances, être capable de se transformer rapidement. Tirer pleinement parti de l’économie globalisée, aller chercher les ressources, connaissances, là où elle se trouvent pour les utiliser au besoin et où bon lui semble. Mettre l’accent sur les aspects collaboratifs, les partenariats. Se reconfigurer pour bénéficier des opportunités à l’échelle globale, la diversité, les échanges de culture et de compétences. En bref, l’entreprise de demain sera avide de changement, innovante et avant-gardiste dans son approche client, intégrée à l’échelle mondiale, révolutionnaire par nature, responsable et authentique. Ouf… Bel enthousiasme et belle plate-forme. De quoi faire rêver les plus entreprenants, les plus optimismes, ceux qui pensent que cette crise est un « sursaut » dont la nature est de nous faire rebondir, franchir une nouvelle étape dans notre évolution. Churchill disait que l’optimiste est quelqu’un qui voit une chance derrière chaque calamité… Reste à constater la mise en œuvre, l’application, la traduction dans le réel des mots comme avant-garde, authentique et responsable. Quelle réalité derrière les mots…

Barack Obama

Nous avions tous des interrogations le concernant, sera-t-il à la hauteur de sa campagne ? La politique qu’il esquisse semble nous prouver que oui, qu’il s’engage, qu’il prend le monde a bras le corps avec la ferme intention d’en changer les paramètres en adoptant un vieux principe, celui du pragmatisme, cette tradition philosophique créée au XIXe par Charles Sanders Pierce, véritable creuset du progressisme américain. Une philosophie selon laquelle la vérité n’existe pas a priori, mais qu’elle se révèle progressivement par l'expérience. N'est vrai que ce qui fonctionne réellement. Il balaye les dogmes pour dégager des solutions radicales qui répondent à des nécessités concrètes. Aujourd’hui, l’investissement dans les infrastructures, les écoles, les hôtipaux, la redistribution des richesses. Cherche à tirer profit des dernières technologies, les énergies vertes, les nouveaux outils on line, facebook, you tube, My Bo, débloque la recherche sur les cellules souches, redessine le paysage politique en « marchandant » l’équilibre du monde, la main tendue, les contreparties... On se sent l’homme responsable et avide de changement qui semble avoir compris que l’équilibre est « premier » par rapport au pouvoir. Comme une nécessité dans un monde aussi « grand » qui se nourrit de contradictions. Une forme de « révolution » ?

Quel monde pour demain ?

M. Obama et les chefs d’entreprise interrogés par IBM n’ont-ils pas du monde et de son futur une vision assez proche ? Rémy Sansaloni, responsable d’études marketing et documentaire chez TNS Média intelligence et auteur d’un ouvrage intitule Le non consommateur. Comment le consommateur prend le pouvoir, estimait pour sa part que « Face au développement anarchique des pseudo-innovations, des promotions à tout va et à la standardisation de l’offre menée par la grande distribution, le consommateur a pris la tangente… » C’est le premier bouleversement fondamental. La prise de pouvoir d’un public informé et socialement responsable qui pèse sur ses dirigeants (citoyenneté, environnement), un public en attente d’authenticité et de transparence. Second bouleversement aussi fondamental, c’est la dimension, la diversité et la complexité du monde. Qui peut se targuer aujourd’hui de « maîtriser » son environnement. Le monde est trop grand. Il nous contraint aux alliances, aux collaborations, la nécessité d’embarquer des intelligences que l’on ne possède pas, de concilier des intérêts divergents, cultures, systèmes de valeurs, religions, chaque élément, par les autres, contenu dans des limites qu’il ne doit pas dépasser. La nécessité d’inventer de nouveaux paradigmes. Piloter « ce qui advient ». Il n’y a pas de recette, sinon de se nourrir de l’expérience, de l’histoire, puiser dans les erreurs et les réussites passées, inventer de nouveaux comportements qui conjuguent l’idée d’équité et celle d’apprentissage. Un exercice extrême de démocratie… C’est comme marcher sur un fil. Une situation explosive qui nécessite de l’audace et du talent. N’est-pas ça qui caractérise le monde de demain ? La nécessité d’audace et de talent. Que ce soit dans le monde de l’entreprise ou celui de la politique. Mais nos dirigeants auront-ils suffisamment d’audace…

Pas d’optimisme béat

Car le sursaut est dur, violent, et laissera malheureusement beaucoup de victimes. « Le progrès et la catastrophe sont l’envers et le revers d’une même médaille », nous disait Hannah Arendt. Car si le monde en se globalisant nous ouvre de nouveaux horizons, de nouvelles formes de relations, il devient parallèlement plus difficile, plus exigeant, plus « périlleux ». C’est ce que nous disent aussi les dirigeants qui s’inquiètent du niveau de changement et de leur capacité à le gérer (leur nombre a triplé depuis 2006). C’est ce que nous dit aussi indirectement M. Obama. Si j’ai découvert quelque chose le concernant après son élection, c’est sa tristesse (ses amis démocrates lui ont d’ailleurs reproché). On a même pu deviner son anxiété à travers ces doigts rongés qu’il nous a montrés en posant sa main sur la Bible lors de son investiture. Une tristesse qui n’est pas sans me rassurer. La tristesse de la lucidité. Cette conscience de la fragilité de nos systèmes, de la vitesse qui nous dévore, les contradictions qui nous interrogent chaque jour. Avons-nous d’autre choix (de satisfaction) que d’associer avec talent et en pleine responsabilité ce qui ne peut pas l’être a priori ?...

Condamnés au talent !
Si l’on en croit les 1130 chefs d’entreprise interrogés par IBM pour réaliser cette étude passionnante sur « L’entreprise de demain », ainsi que les premières décisions politiques de M. Obama, ne sommes-nous pas contraints à une forme d’audace et de talent pour construire le monde de demain…


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