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Comment être publié : ce qui séduit les éditeurs

Publié le 16 mars 2009 par Actualitté
En fin d'après-midi, se sont retrouvés réunis Jean-Marie Laclavetine (Gallimard), Anne-Marie Métailié (maison du même nom), Teresa Cremisi (Flammarion) et François Taillandier (président de la commission romans du CNL) pour aborder le point crucial des critères de sélection des manuscrits arrivant tous les jours par la Poste.
Un travail laborieux de sélection : les collèges de lecteurs
Même si de nombreux écrivains en manque d'éditeurs dénoncent perpétuellement qu'on ne peut être publié sans réseau, chaque éditeur présent s'est défendu de l'existence de telles pratiques. La majeure partie des premiers livres publiés le sont à la suite d'un envoi par la Poste.
Une fois le manuscrit reçu, il est étudié par un comité de lecteurs dans les grandes maisons telles que Gallimard ou Flammarion. Au dire même de leurs dirigeants, ils ne sont pas maîtres de tout ce qu'ils publient. A eux d'être capables de dire qu'un livre se vendra alors même qu'il ne leur plait pas.
Le regard particulier des petites maisons : un vent de liberté
Dans les petites maisons, il en est bien autrement. Anne-Marie Métailié impose sa marque et chaque ouvrage publié passe entre ses mains. C'est le privilège premier des petits éditeurs qui gardent une grande liberté, choisissant une ligne qui leur est toujours propre. Dans une grande maison, les publications peuvent même aller jusqu'à apparaître quelque peu contradictoires.
Mais, même dans une grande maison, un manuscrit est toujours retenu à partir de l'engagement d'une personne, d'une subjectivité, qui se trouve par la suite étayée par d'autres avis.
Quand au CNL (Centre national du Livre), il octroie des aides accordées aux jeunes auteurs ayant déjà un ou deux titres à leur actif, avec l'existence de « bourses de découverte ». La commission qui statue sur les aides données est renouvelée tous les trois ans.
Etre éditeur, c'est être imprécis, subjectif :
Le métier d'éditeur reste un travail marqué par l'imprécision, selon Teresa Cremisi. Lorsqu'une grande maison passe à côté d'un talent singulier, il est cependant toujours possible qu'il soit, par la suite, repéré dans une maison plus petite.
Un choix est toujours un non choix, marqué par la subjectivité d'un être, d'un groupe. Mais, quand on lit un texte, pour Anne-Marie Métailié, dont la maison éponyme fête ses trente ans d'existence, il y a ce je ne sais quoi qui fait que l'on sent l'arrivée de la littérature : un personnage fort, une voix présente, un peu comme la mer que l'on sent avant même de la découvrir du regard.
Interrogé par le public, Jean-Marie Laclavetine dit pouvoir toujours prendre le temps de faire retravailler un manuscrit lorsque cela est nécessaire. Toutefois, un envoi doit toujours être complet. Ce sont simplement de jeunes écrivains qui ne se rendent pas bien compte que leur texte n'est encore qu'à l'état de brouillon.
Un système de sélection des manuscrits propre à la France :
Quand on interpelle les éditeurs sur la question de l'influence des réseaux, ils revendiquent fièrement l'existence d'une exception française en matière d'édition. Les maisons s'octroient la possibilité de passer par un collège de lecteurs pour établir une sélection des manuscrits arrivant par La Poste. Cette pratique est quasiment inexistante à l'étranger. Aux Etats-Unis, tout passe par les réseaux, avec le règne des agents littéraires.
Quand Teresa Cremisi travaillait au sein d'une maison italienne, les pratiques étaient très différentes. Il faut déjà partir du principe que les éditeurs reçoivent dix fois moins de manuscrits qu'en France. Il existait alors un autre canal : celui des auteurs eux-mêmes qui, en tant que lecteurs, venaient apporter les manuscrits de jeunes écrivains qu'ils trouvaient talentueux. Néanmoins, cette pratique tend à se raréfier.
En France, on peut dire que statistiquement sur mille envois, un seul manuscrit est retenu. En tant qu'écrivain, il est donc judicieux de frapper à un très grand nombre de portes. Mais on peut aussi faire son choix en appréciant le catalogue de chaque éditeur et établir avec lequel on a davantage d'affinités.
Et le rôle d'Internet dans la sélection ?
Interrogés sur l'influence d'Internet soit sur les ventes des œuvres de jeunes auteurs, soit sur la découverte de nouveaux talents, les éditeurs se sont montrés très frileux, dénigrant fortement le rôle joué par ce nouveau média, lui accordant un crédit très faible. Cela reste une jungle où l'on trouve tout sur tout. Si les avis sont efficaces sur une production mesurée, comme pour le cinéma ou le théâtre, Teresa Cremisi doute en revanche des sélections faites parmi une production trop importante de livres.
C'est encore le règne du bouche à oreille. Et, pour Jean-Marie Laclavetine, un très grand succès a toujours quelque chose d'irrationnel, qui nous dépasse...Le public s'est montré en recherche de solutions pour arriver à se faire publier. A chaque fois que l'on voit son manuscrit refusé, au lieu de remettre en question son propre talent...on cherche toujours à rejeter l'erreur sur les lecteurs des éditeurs qui n'ont pas su voir le génie qui dormait en nous...

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