Deux géants de l'édition française vont faire front pour développer ensemble une plateforme de distribution de livres numériques : Gallimard et La Martinière. Si le premier dispose déjà d'un site de vente, Le Divan, où l'on peut se procurer des ebooks, leur collaboration s'appuiera cette fois sur un produit logiciel que la firme québécoise De Marque propose.
Ainsi, vers l'automne de cette année, les libraires qui en manifesteront l'envie pourront y vendre, au format numérique, les livres des deux maisons d'édition. En outre, cette plateforme prendra également en charge les éditeurs qui sont diffusés et distribués par les deux sociétés, et s'ouvrira également à ceux qui souhaitent prendre part à l'aventure. On parle de milliers d'oeuvres prochainement disponibles, la première année.
Selon les PDG des deux maisons, les interrogations à l'égard du numérique sont nombreuses. « Même si les tentatives en la matière demeurent encore assez expérimentales dans notre pays, beaucoup se demandent déjà si, à terme, l'immatériel n'aura pas raison du papier et des circuits physiques de sa distribution. » Et bien sûr l'aventure de la musique est mise en avant. Mais pour Antoine Gallimard et Hervé de La Martinière, « le papier est très loin d'être condamné ».
Il convient toutefois de « prendre au sérieux » les questions posées. « Certaines concernent le support numérique à proprement parler, ses formes et son langage. D'autres, les différents modèles économiques qui pourraient lui être associés. D'autres encore, la recherche de l'environnement réglementaire le plus adapté à ce type d'activité. » Contrôle de la diffusion et de la distribution est ainsi, on le comprend aisément, le centre névralgique de toute l'entreprise, puisqu'elles représentent une part non négligeable des revenus des deux maisons, dont le réseau est justement très important.
Cette fusion des intérêts s'articule donc autour de « la même conception de la chaîne du livre, des auteurs aux lecteurs en passant par les libraires ». Et pour éviter qu'elle ne soit démantelée ou raccourcie « à la faveur de nouvelles potentialités technologiques ». On saisira mieux le risque pour ces acteurs qui perdraient en effet beaucoup d'argent si une solution permettait d'aller plus vite pour la vente depuis l'éditeur jusqu'au lecteur, ou si un système de distribution entièrement contrôlé par leurs soins ne faisait pas main basse sur le livre numérique.
Si tout le monde y trouvera sa place affirment-ils, on se demande qui y trouvera le plus son compte.