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Faire le deuil d'un enfant perdu pendant la grossesse

Publié le 02 septembre 2007 par Willy
Faire le deuil d'un enfant perdu pendant la grossesse Valdemar Verissimo Esther Wintsch devant le «carré des anges» inauguré cette semaine au cimetière d'Yverdon. Spécialisée dans l'accompagnement de mères qui ont subi le drame d'un bébé mort in utero, la thérapeute yverdonnoise Esther Wintsch est souvent consultée de nombreuses années après l'épreuve vécue. Elle inaugurait cette semaine, à Yverdon, un lieu où ensevelir les cendres de ces petits corps Yves Lassueur - 01/09/2007 Le Matin Dimanche   Mercredi soir, après une brève interview donnée au Téléjournal de la TSR depuis le cimetière d'Yverdon, Esther Wintsch a reçu coup sur coup trois appels téléphoniques. Trois appels de téléspectateurs en colère, non pas contre elle, mais contre ce qu'ils ont vécu il y a presque vingt ans. Tous ont perdu un enfant avant même qu'il vienne au monde et ont gardé de ce qui s'est alors passé un souvenir et une souffrance qui ne se sont jamais effacés. Aussitôt après l'avoir entendue à la télévision, ils ont ressenti le besoin de se confier à Esther Wintsch. Les appels reçus par cette thérapeute yverdonnoise illustrent parfaitement la tâche à laquelle elle se voue depuis cinq ans dans une annexe de l'hôpital du Nord vaudois: accompagner psychologiquement les parents, surtout les mères, à surmonter la souffrance d'un deuil périnatal, autrement dit la perte d'un enfant avant sa naissance, dans certains cas il y a déjà de longues années. Le toucher, lui donner un prénom «Aujourd'hui, confie-t-elle, quand un enfant décède in utero, le gros travail d'accompagnement de la maman est accompli par le personnel soignant, sages-femmes et gynécologues. Si le décès survient après une vingtaine de semaines de grossesse, les parents sont invités - mais rien n'est obligatoire - à voir le bébé, à le toucher, le border, lui donner un prénom puis prendre soin de ses cendres, car ces petits corps sont toujours incinérés. On tend ainsi à donner une existence sociale à l'enfant, à l'inscrire dans l'histoire familiale. Mieux vaut ne pas trop chercher à savoir comment les choses se passaient autrefois, quand ces petits défunts étaient incinérés puis disparaissaient; cela réveille trop de pénibles souvenirs pour trop de monde.» Maintenant, donc, les parents de l'enfant, ou la mère seule, peuvent disposer des cendres et les répandre là où ils le souhaitent. «En pratique, constate Esther Wintsch, dans plus de la moitié des cas, ces cendres ne sont pas demandées par les parents. Dans le canton de Vaud, par exemple, elles sont alors déposées dans le Jardin du Souvenir, au cimetière de Lausanne.» Grave perte d'estime Si perdre un enfant in utero est toujours une épreuve, la plupart des mères parviennent à faire leur deuil, note la thérapeute. Il suffit pour cela d'un proche ou d'une amie qui sache se comporter en confident attentif pendant suffisamment de temps. Mais les cas ne sont pas rares où ce deuil, loin de s'accomplir, reste enseveli dans le déni, comme une «anesthésie émotionnelle». «Quand les mamans hantées par ce souvenir viennent me voir, c'est toujours impressionnant: la perte in utero de l'enfant peut remonter à de nombreuses années, mais au moment où elles se confient, c'est comme si le drame venait de se produire. Certaines souffrent d'une grave perte d'estime; elles se sentent incapables de donner la vie. Certaines ont subi un avortement, pour des raisons médicales ou autres, et le souvenir de cet enfant les travaille parfois pendant de longues années. A l'époque, elles ont pu s'interdire d'être tristes; or cette tristesse doit être vécue pour que le deuil puisse s'accomplir. S'ajoutent fréquemment à ces drames des secrets familiaux, ou une colère contre le personnel soignant de l'époque.» Retrouver «trace» de l'enfant Pour aider ces femmes, le travail d'Esther Wintsch consiste d'une part, dans bien des cas, à retrouver «trace» de l'enfant. Par exemple en amenant la sage-femme ou le gynécologue qui opérait à l'époque à se souvenir et à témoigner devant la mère. Il s'agit ensuite et surtout d'écouter, de laisser parler, de guider. Parfois, une seule séance suffit. Parfois, il faut plus d'une année de thérapie pour que la blessure, déjà ancienne, se referme. «De fait, constate Esther Wintsch, le nombre de mois de grossesse au bout desquelles la perte de l'enfant a eu lieu ne détermine nullement le chagrin de ces mamans. Il est parfois déjà immense après quelques semaines. Ce que j'essaie de faire avec les femmes qui viennent consulter, c'est de trouver la porte de leur deuil. De tenir une petite lanterne qui leur montre comment cheminer désormais vers l'avenir.»   Lieu de recueillement à Yverdon Le carré des anges: c'est ainsi que s'appelle le lieu, inauguré cette semaine au cimetière d'Yverdon, où les cendres d'enfants décédés avant leur naissance pourront désormais être ensevelies. Sur une pierre dont la décoration évoque l'univers s'ouvre une petite porte circulaire donnant accès à une cavité. Les parents, mères ou pères, qui le désirent pourront y déposer les cendres de leur enfant. S'il existe ailleurs des «jardins du souvenir» où peuvent être ensevelies de telles cendres, le «carré des anges» est le premier du genre en Suisse romande. Financé et réalisé avec l'appui de fonds privés, de l'hôpital et de la commune d'Yverdon, le monument est dû à l'initiative d'Esther Wintsch. Il est conçu dans l'idée d'aider les parents à faire leur deuil en leur en offrant un espace où se recueillir.

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