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Le cinéma d'une Incorrigible romantique

Par Croquemadame
C'est un aveu... Je suis une incorrigible romantique. Le contraire du "bien vu" actuel en somme. C'est comme ça, et malgré tous mes efforts, je n'y peux rien. Le cinéma, je le conçois, le supporte qu'avec des sentiments dégoulinants, des images naïves, des héros passionnés et si possibles très beaux.Et surtout je n'aime que les fins heureuses.
C'est terrible, terrible, vraiment difficile à vivre.

Je m'en suis rendue compte tôt: en 6e, dans la cour, les filles "in" parlaient et s'excitaient sur "Orange mécanique", "Massacre à la tronçonneuse"... Moi, rien que le titre me rebiffait. Je ne parlais pas, tremblais en écoutant des détails si sordides que le soir, en rentrant chez papa-maman, je me remettais d'aplomb en dégustant un "Sissi impératrice" en tenue de combat, tenue de princesse. Le décalage déjà à 11 ans, ça commençait très mal. Comment avouer à ses camarades de classe mes préférences "cinématographiques" honteuses? Je passais donc pour la sauvageonne sans TV. C'était "moins pire".


Au lycée, là, j'ai trouvé une variante acceptable: les films sensibles, un peu osés, pouvaient passer pour "in". Un peu de fesses, un brin de scène chaude comme dans "l'Amant" de Marguerite Duras et je pouvais rivaliser dans les conversations. Mais comment oser encore une fois avouer qu'"Angelique Marquise des Anges"calmait mes nerfs à l'approche du Bac? Impossible.

A la fac, révélation. Ma copine Manue, "In" avec ses dreads, m'avoue adorer "Docteur Quinn, femme médecin". Là, c'est le bonheur suprême, je vais pouvoir communier avec une autre, m'épancher sur une série américaine de merde, je l'avoue, mais qui fait sacrément du bien entre deux cours de géopolitiques et d'économie. Midis, soirées sont consacrés à notre nouvelle religion "romantique cucul la praline". Mais la limite s'impose d'elle-même: notre secret est inavouable.


Pour faire bonne figure, je m'impose un traitement de cheval "in": voir en une année tous les films les plus "branchés" à l'uni. Seule dans l'appartement, je feins devant "Shining" avec Jack Nickolson. Je branche l'aspirateur, change de pièce, appelle mes copines pour faire savoir que je regarde le film. Ca y est, j ai passé l'étape: j'ai regardé UN film considéré comme "in" avec violence, sang etc. Je ne me souviens de rien mais la Tv l'atteste, la bande du film a bien tourné...



Six ans plus tard, je suis enfin "adulte": en couple, au boulot... Je considère avoir franchi une étape, et ma sensibilité aussi. Me voilà donc à louer un film d'horreur décrit comme particulièrement "bien affreux": "la colline a des yeux" ou un truc du genre. "Génial comme test". Je loue, au cas où, au même moment un autre film "Sur la route de Madison", histoire de prévenir un possible problème émotionnel. "Comme ça, en regardant l'un puis l'autre, je dormirai bien".
La soirée "Cinéma" commence. Et se termine 15 minutes plus tard, accrochée à la jambe de mon mec, sous la couette, un oreiller sur la tête et n'arrêtant pas d'hurler "faut pas que le monstre touche le bébé, faut qu'il arrête de violer la fille, c'est horrible..."Mon mec jauge l'état et y voit tout de suite un avantage: me rassurer, me prendre dans ses bras en arrêtant le film "c'est fini, tout va bien". Romantique, n'est-ce pas? Le lendemain soir, il revient avec "Orgueils et préjugés "sous le bras. Et s'endort dans les 5 minutes tandis que moi je bois le film ...trois fois.
Depuis, je m'assume (presque). La preuve, je suis violente: je me fous de vous, les gens"in", qui adoraient les "Tarantino", les je ne sais pas quoi...Moi, je ne peux pas. C'est comme ça, le cinéma, les images, c'est trop vrai pour moi. J'ai trop envie de rentrer dans l'écran et de faire sortir des scènes les gens gentils, que les massacres s'arrêtent et que la paix soit sur terre. Je suis une incorrigible romantique et je ne peux pas me soigner.
Y-en-a-t-il d'autres?
Margot Larouge.

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