Avant, je n'étais pas pris au piège (n'en croyez pas un mot)

Modèle sur la photo: DelphineJe ferme les yeux - j'aime bien fermer les yeux, ça me détend -, je vais dans le noir, j'essaye de ne pas tomber, je ne sais pas ce que je cherche, une émotion, une sensation, une texture?  Quel sens donner à mon être? Je pose mes pieds où je peux, j'écoute des pleurs lointains, étouffés et indéfinis. Je me sens impuissant, les pas, les gestes, les soupirs, lourd et empoté. Je tourne en rond, je suis revenu à la porte d'entrée de tout à l'heure. Je ne vais pas rentrer, il n'y a rien de bon à l'intérieur. Une existence comme les autres. Un corps et son ombre. Je ne veux pas de mon ombre. Je veux devenir léger comme l'air. Je n'aime pas la pluie. J'aime la pluie. Je cours plus vite que vos pneus. Je serai là où on ne m'attend pas. Je danse au bord du gouffre. Un instant, je m'arrête, figé dans mon délire, et je regarde en bas. Le vent me souffle une pensée malséante. Tombent dans mes mais tout un tas de fleurs. Un bouquet que je suis censé offrir à quelqu'un? À qui, je ne sais pas. Je cours d'un bureau à l'autre. Le désespoir me gagne, j'aimerais crier victoire, mais je ne trouve pas l'heureuse élue, elles sont toutes occupées, que faire, les fleurs me brûlent, j'ouvre une fenêtre et je les jette par-dessus bord. Un vertige m'assaille. Je le repousse de toutes mes forces. Je suis un vaurien.Avant, je n'étais pas pris au piège, j'étais comme Robin des Bois, j'aimais les prairies et les fleurs sauvages. Je n'avais ni amis ni ennemis, je n'en avais pas besoin. Le matin, j'attendais l'après-midi et l'après-midi j'attendais le soir. Le soir, je fantasmais sur le matin. Le saxophone ne m'irritait pas comme aujourd'hui. Où nous retrouvons-nous demain? Dites-moi l'endroit et l'heure, on fera une petite balade, on passera un bon moment.Scélérat, j'essaie de vous embobiner, je me trompe moi-même, tout cela n'est qu'une histoire qu'il me plairait d'écrire pour qu'un autre l'interprète. Je suis un spectateur. Assis, éternellement assis.