Magazine Culture

Juste un va et vient

Publié le 30 mars 2009 par Menear
Parfois l'impression que les jours se pressent comme dans ce court métrage (Paris je t'aime : Faubourg Saint Denis). On répète, au fond, toujours les mêmes paroles, puis les gestes qu'on trace ce sont les mêmes encore, levé même heure, même écran, mêmes flux, même douche, même bulletin d'info-radio. Puis le même train ensuite, même nom (horaires sensiblement identiques), même siège souvent, même ciel défilé sur les vitres même si une heure de moins. Même heure arrivée Châtelet, même portique emprunté, même geste pour déverrouiller, même musique qui résonne dans la tête (Biolay, La monotonie, hasard de l'aléatoire), même fermeture éclaire, même type planté devant les portes, même place carrée derrière, mêmes escalators, des fois en panne, des fois pas, même rue Berger au sommet du reste, même rue Saint-Honoré croisée entre, même rue du Louvre qui débouche sur. Même code figé fait à l'entrée, même porte qu'on ouvre et qu'on tient pas derrière, même porte (deuxième) déjà ouverte, même poignée qui tombe des mains quand on la frôle, même salut qu'on s'adresse puisqu'il faut bien. Même ordinateur qu'on allume, même téléphone qui sonne et fond d'écran qui charge. Même ton, même voix, mêmes adjectifs qu'on articule et qu'on écorche. Même gorgée d'eau qu'on prend quand on a soif, même bouteille quand elle est là.
J'ai commencé sur ce court métrage, je continue. L'impression, c'est vrai, que ma voix intérieure (narratrice des mes actions au moment où je les fais) ressemble un peu à celle de Nathalie Portman ou de l'autre comédien dont j'ignore le nom, la vie en accéléré des fois (le recul permet) et puis des bribes de journée prises entre, qu'on articule comme on peut.
Association d'idée : Nathalie Portman > E. > mon rêve de la nuit dernière : elle y mangeait une plante verte en pot qui bullait au niveau de la terre. Je ne (me) l'explique pas.
Du coup, on sait jamais trop comment ça finit, comment ça peut finir. Ça se poursuit c'est tout, ça fonce dans le mur des fois, mais on se rend pas trop compte au fond. Ce matin lundi, je me suis dit c'est absurde toutes ces actions répétées encore, presque six mois après. Il se pourrait que j'y enterre ma vie en répétant sans voir. Et puis l'instant passe, je sais pertinemment qu'en fait ce n'est pas le boulot qui pose problème : même au chômage ma vie serait toujours réglée, peut-être pas comme elle l'est actuellement
même pause qu'on prend sur le pouce rigoureux, mêmes vitrines qu'on longe, même somme qu'on dépense, même sac qu'on remonte au bureau, qu'on avale, mêmes merdes qu'on déballe et qui sentent, mêmes sushi qu'on trempe dans la barquette, mêmes appels qu'on ignore, même sac qu'on referme, même poubelle où s'entasse, même heure ou l'on reprend
mais réglée quand même. Le soir, repartir même retard, mêmes escaliers qu'on dévale, même train qu'on loupe, même siège où l'on s'assoit, mêmes Détectives sauvages qu'on traverse, même nombre de pages à chaque fois, même bruit des rails crissés pendant qu'on tombe (de sommeil) sur la barre métallique, mêmes appels qu'on prend entre deux tunnels, mêmes appels qu'on loupe parce que ça sonne plus, mêmes gares qu'on retient par cœur dans l'écoulement, même ciel qui débouche et mêmes visages qu'on suit lorsqu'il est l'heure, toujours la même, de descendre. Mêmes voitures qui s'arrêtent et klaxonnent, même fleuriste le long des rues, même boite aux lettres qu'on ouvre, ferme, même courrier qui manque encore, mêmes étages à monter et portes à ouvrir, mêmes mots sur le seuil et étreinte derrière, mêmes oreilles entre lesquels on gratte et même menu fonction des jours qu'on collecte, même billet qu'on poste aux mêmes horaires, grosso modo, même note qu'on esquisse et qu'on ne publie pas, mêmes peurs qu'on recense et qu'on laisse mûrir, même télé devant laquelle on tombe et mêmes répliques qui nous aident à supporter, même sang qui s'égosille entre les veines et des fois en dehors, mêmes blouses blanches et vertes et mêmes scalpels qu'on envie. Mêmes formules qu'on adore et qu'on ne comprend pas, mêmes « nfs, chimie, iono » et « iv-push ». Même lit dans lequel on plonge et côté droit sur lequel on plie. Seuls les rêves diffèrent, eux qu'on ne contrôlent pas et qu'on ne peut retenir.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Menear 147 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine