Magazine Autres livres

"Homicide, même l'hôpital peut tuer" : un cri d'alarme

Par Cafatica

Violaine Vanoyeke, célèbre égyptologue, n'a cette fois pas écrit un livre sur les mystères des tombes égyptiennes. Elle a écrit un récit sur un drame personnel qu'elle a vécu il y a un an environ. Un drame où elle a perdu son mari suite à une succession inadmissible d'erreurs médicales et un comportement odieux du personnel hospitalier, qui a fait preuve de mépris et d'indifférence.
Elle a écrit ce livre pour dire aux gens de ne pas se laisser faire, pour leur dire qu'ils ont des droits, pour dire aussi que les médecins ont des responsabilités, trop peu assumées jusqu'à présent. Elle a écrit ce livre pour dénoncer l'impunité dans laquelle encore aujourd'hui les médecins laissent mourir des patients, alors qu'ils auraient pu l'éviter.
Elle a décidé de porter plainte contre l'hôpital, de mobiliser la presse, pour que les malades soient mieux traités dans les hôpitaux, les maisons de retraite et les centres pour handicapés. Elle demande plus de suivi dans les soins, une plus grande humanité, un respect des malades et un contrôle des médecins. 
Elle vient de créer un site : victimesdeshopitaux.com 

Tout part d'un rhume mal soigné de Philippe, le mari de Violaine Vanoyeke. Comme il doit se rendre avec elle quelques jours plus tard en Egypte, un médecin lui conseille d'aller prendre les antibiotiques nécessaires à l'hôpital. Ils se rendent donc dans un C.H.U de la région parisienne pour régler ce problème bénin. Philippe doit sortir de l'hôpital l'après-midi même, au plus tard le lendemain.
C'est en fait le début de deux mois d'enfer inimaginable pour le couple, l'enchaînement incroyable d'erreurs qui vont entraîner la mort de Philippe.
Comme il était très fatigué, Violaine a préféré un transport en ambulance, son médecin lui ayant indiqué différentes sociétés privées. Elle se rend alors compte de la difficulté de trouver des ambulances de libres, et n'ose imaginer des cas urgents. Elle finit par trouver une société qui lui envoie une ambulance ... après quatre heures d'attente. Les ambulanciers, dont le look (boucles d'oreilles et tatouages) étonne sur le coup Violaine lui interdisent de monter dans l'ambulance avec son mari. Elle les rejoint donc à l'hôpital avec sa voiture personnelle.
MAIS que s'est-il passé dans l'ambulance.... Philippe y rentre avec un mauvais rhume, un quart d'heure après Violaine le retrouve littéralement jeté en travers du lit à l'hôpital, la tête dans le vide, dans un coma respiratoire ! L'enquête judiciaire en cours s'attache notamment à retrouver les ambulanciers et à savoir ce qui s'est passé dans cette ambulance, car là est le début de leur enfer.
Le chef de service constate rapidement le coma respiratoire, et Philippe est transporté en service de réanimation. Il sort de son coma et retrouve un état à peu près normal dix jours après.
Une autre erreur intervient, que le chef de service reconnaît à plusieurs reprises ... oralement : alors qu'il est intubé, Phillipe a été placé en position assise, ce qu'il ne faut jamais faire dans un tel cas. Le tube est alors tombé, mais étant resté sans surveillance, Philippe fait un arrêt cardiaque, le tube ne sera remis en place ... qu'une demie-heure plus tard.
Le cerveau ayant été très mal oxygéné pendant ces trente minutes, on laisse donc entendre à Violaine Vanoyeke que son mari ne sera plus qu'un légume. Il s'en sortira cependant, mais à la suite du réintubage, il va contracter une bactérie.
A partir de là, Violaine et son mari vont se retrouver complètement seuls et abandonnés par tout le personnel médical, car lorsqu'un patient est maltraité ou mal soigné, il rompt avec les médecins, en qui il n'a plus, et c'est logique, confiance. Un mur entre le patient et les médecins s'érige alors, qui conduit à un véritable abandon du patient :
Quand Philippe est finalement revenu à lui, il était très encombré au niveau bronchique. A plusieurs reprises, Violaine a demandé un kiné, pour pouvoir faire remonter les encombrements et les évacuer. Mais personne n'a répondu à son appel à l'aide, aucun kiné n'est venu s'occuper de son mari, sachant qu'on lui a refusé de faire venir un kiné de l'extérieur.
Philippe est mort étouffé par ses encombrements, faute d'attention et de présence des médecins.......


Extraits :


Il faut (...) une réglementation qui oblige tous les médecins à soigner correctement leurs malades, sous peine d'homicide ou de non-assistance à personne en danger.
Philippe avait 52 ans. Il a été victime d'un homicide, volontaire ou involontaire. Les coupables sont aujourd'hui en liberté, et vivent ou travaillent sans être inquiétés. Je pose seulement la question : trouvez-vous cela normal ? Devons-nous nous taire ou nous incliner devant les institutions, si puissantes soient-elles ? Sommes-nous prêts à tout accepter ?
J'étais à peine levée que le téléphone retentit (...).
- C'est le docteur P., je voulais absolument vous joindre. Votre mari a fait un arrêt cardiaque.
Je ne comprenais pas :
- Un arrêt cardiaque ? Mais il n'a jamais eu de problème au coeur !
Je n'y croyais pas vraiment. Bien que mon coeur battît très vite, j'étais confiante. Il ne pouvait s'agir que d'une erreur puisque Philippe n'avait aucun problème cardiaque et que je l'avais vu en pleine forme. Je pensais même que ce médecin se trompait de malade.
- C'est grave. En fait, j'ai commis une erreur. C'est de ma faute. Je me sens responsable. Je reconnais mon erreur.
- Mais de quoi parlez-vous ?
- Nous l'avons échappé belle. Mais nous ne savons pas comment votre mari va s'en sortir.
Il m'expliqua ce qui venait de se passer :
- Votre époux s'est désintubé et nous avons dû faire un massage cardiaque.
- Désintubé ? Il n'avait pas les mains attachées(* )?
- Si
- Alors comment voulez-vous qu'il se soit désintubé ?
- En réalité, j'ai fait une grosse erreur. Je l'ai mis en position assise. Il a dû s'endormir. Sa tête est tombée violemment sur le côté et le tube est tombé. Nous avons mis près d'une demie-heure pour le réintuber. Il a été mal oxygéné pendant trop longtemps. Nous ne savons quelles vont être les conséquences sur son cerveau. (...)

- Où se trouvait l'infirmière chargée de surveiller mon mari ?

Le médecin baissa les yeux.

- Elle était sortie de la pièce pour s'occuper des soins d'un autre malade ... Je lui avais dit de ne pas quitter votre mari. Mais j'assume la responsabilité de ce qui est arrivé.

- Vous avez quantité d'aide-soignants et d'infirmières et vous me dites qu'elle a été dans une autre chambre pour plaisanter avec ses copines alors que mon mari risquait sa vie ? Je vis quasiment ici depuis une dizaine de jours. Inutile d'inventer. Je sais que les infirmières se retrouvent dans les mêmes pièces pour discuter. Pendant ce temps-là, de grands malades restent seuls. J'ai moi-même dû prévenir les infirmières que le patient voisin était tombé de son lit ! Malgré le vacarme qu'il a fait en chutant et le bruit de verre cassé, l'équipe médicale n'avait rien entendu.

(*) On attache les mains des personnes intubées car leur premier réflexe est d'ôter le tube qui les gêne.
Très irritée, je me taisais parfois en me disant que ces gens qui défilaient étaient complètement stupides et qu'ils ne tenaient aucun compte des rapports des jours précédents. Quelquefois, je leur expliquais rapidement les erreurs commises par le service. Ils préféraient s'en aller, gênés. La seule phrase qu'ils répétaient tous inlassablement était :

- Ne vous inquiétez pas... Nous sommes habitués.

"Habitués" à quoi ? A tuer les malades ? Je me posais sérieusement la question. Une telle indifférence chez les jeunes, les néophytes qui n'avaient jamais travaillé dans un tel service, les "séniors" ou les chefs de clinique faisait peine à voir. J'étais déconcertée par leur manque de discernement, leur mauvais diagnostic, leur aveuglement. On aurait dit des fonctionnaires programmés pour se promener dans les chambres afin de justifier leur salaire.


Quand je pénétrai dans la chambre de Philippe, celui-ci était étendu, le teint cireux. Je compris qu'il était décédé et qu'on l'avait laissé mourir sans assistance.

 


 

Tous ceux qui ont été victimes d'un personnel hospitalier, de celui d'une maison de retraite ou de handicapés peuvent aujourd'hui s'exprimer et se manifester en envoyant leur histoire et leur courrier à Violaine Vonyeke chez son éditeur :

Editions Alphée - Edit Plus,

12 rue de l'Ancienne-Comédie, 75 006 Paris
Ou ui écrire sur le site
www.victimesdeshopitaux.com
Ces témoignages viendront soutenir les demandes de réforme que Violaine Vanoyeke adresse au président de la République et au ministre de la santé :
1) Pour une plus grande humanité dans les milieux hospitaliers, les maisons de retraite et les centres accueillant des handicapés
2) Pour un meilleur suivi des soins
3) Pour une plus grande considération du malade et de sa famille
4) Pour un contrôle et une responsabilisation des médecins
Autre site : Association le Lien :
www.association-lien.org
Sachez aussi que le Pôle Santé et Sécurité des soins est une ligne d'écoute anonyme et confidentielle qui informe et reçoit toutes les informations qui mettent en cause :
- Le non respect des droits des malades
- La qualité du système de santé
- La sécurité des soins
- L'accès aux soins
Vous pouvez appeler le pôle santé et sécurité au 0810 455 455 du lundi au vendredi, de 9h à 20h.
http://www.mediateur-republique.fr/fr-citoyen-05-178


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Cafatica 402 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte