Liza Korn fait partie des stylistes qui montent. Ses créations se retrouvent dans les pages des magazines de mode qui font la tendance, de Vogue ou Dealer de Mode au très branché Le French. Pour cause, ses collections réalisent le mix parfait entre une mode romantique -imprimés liberty, petites robes d'été- et rock’n roll chic -jean déchiré, noir omniprésent, strass... Une mode chic et facile à des prix plus que raisonnables ! Pour les heureuses maman, elle décline également ses collections pour les enfants dans un style faussement sage.
La chaleureuse Liza Korn en compagnie de sa fille a eu la gentillesse de m'accueillir dans sa boutique/studio/atelier de la rue Beaurepaire. Une plongée au coeur de son univers...
Peux-tu nous expliquer ton parcours ?
A la base, je n’ai pas fait d’études de mode mais des études d’Arts Plastiques. Je suis plasticienne de formation avec un DEA d’esthétique et philosophie de l’art. A la fin de mes études, j’ai commencé à travailler dans un musée. J’ai ensuite travaillé au service éducatif du Louvres, puis aux affaires culturelles d’une ville. Après toutes ces années, je me suis rendue compte que tout cela était hyper intéressant mais qu’il me manquait le côté pratique.
Je suis née dans une famille de tailleur donc le côté technique de la mode m’est assez inné et naturel. En 2000, j’ai quitté mon travail et je me suis lancée dans ma première collection. Je l’ai d’abord vendu à des amis, puis à des multimarques lors des salons notamment au Japon. J’ai ensuite ouvert ma première boutique rue Beaurepaire en 2001. Je cherchais au départ un atelier et comme j’habitais pas loin, j’ai trouvé ce local pour installer mon studio. Etant sur rue, je me suis dit pourquoi pas aussi ouvrir une boutique. A l’époque, il n’y avait quasiment rien dans cette rue (nd LSB : précurseur, la rue est désormais pleine de boutiques de mode !!) donc je pouvais travailler sur mes collections à l’arrière sans être dérangée tout le temps. Désormais, mon atelier y est toujours mais j’ai une vendeuse pour m’assister.
Dès le départ, j’ai beaucoup développé les ventes à l’étranger : en Europe avec la Suisse ou l’Autriche et surtout au Japon. En parallèle, j’ai travaillé sur des projets qui lient la mode et l’art, présentant certaines collections comme des performances. J’ai également lancé une boutique de ventes en ligne.
Comment en es tu venue à lancer une collection enfant ?
Avec le succès de la femme, j’ai voulu faire de l’homme. Mais entre-temps, j’ai eu une fille. Comme tous les parents, je voulais lui acheter de beaux vêtements, mais je n’arrivais pas toujours à trouver ce que je voulais. J’ai alors commencé à réaliser quelques pièces que je ne trouvais pas dans les boutiques. J’ai aussi fait pas mal de vintage enfant à partir de pièces chinées que je retravaillais.
Alors que je faisais partie du jury pour les diplômes de l’ESMOD, on m’a demandé de décerner le prix pour la mode enfant. Nous avons choisi une fille, mais ce que je ne savais pas, c’est qu’à la clé, je devais lui proposer un stage. Au début, je ne savais pas quoi lui faire faire. A l'époque, je lançais une 2e ligne avec des tissus imprimés qui s’est depuis fondue à la ligne principale, donc je lui ai proposé de réaliser quelques pièces avec le même tissu pour les enfants. On a démarré avec 5 ou 6 modèles à peine, et lors d’un salon, le Bon Marché m’a passé une première commande (alors que je ne travaillais pas avec eux pour la femme). Je suis tout de suite allée voir d’autres clients pour avoir suffisamment de quantités et lancer une production. Assez rapidement, j’ai trouvé d’autres points de ventes. De fil en aiguille, j’en suis venue à lancer une ligne complète pour enfant que j’ai appelée Sweet Liza. Je vends désormais plus de pièces pour enfants que pour la femme.
Pour cet été, j’ai demandé à Bensimon de réaliser leurs tennis mythiques dans des couleurs inédites : imprimées, pastels doublées avec du tissu et fluo. Je me suis ainsi retrouvée à vendre des milliers de paires à travers le monde, c’était assez drôle. L’enfant est une suite d’aventures qui se sont enchainés les unes aux autres.
De la même manière, je me suis lancée dans le linge de lit pour enfants par hasard. J’avais réalisé quelques pièces pour habiller mon stand lors des salons. C’est alors que les gens de Maison et Objet m’ont demandé de venir à leur salon. C’est très rare qu’ils démarchent pour trouver des exposants parce qu’il y a une longue liste d’attente pour pouvoir participer à un tel salon. C’est ainsi que je me suis retrouvée à vendre des collections enfants et linges de lit dans le monde entier même en Russie ou en Arabie Saoudite…
Pour le moment, j’ai mis un peu de côté l’homme mais on verra ce que réserve l’avenir.
Qu’est ce qui te plaît particulièrement dans le métier de styliste ?
J’aime le côté artisanal de ce métier et de pouvoir rencontrer les gens, que ce soit les professionnels ou les clientes. Je passe beaucoup de temps en boutique à les conseiller. J’adore leur faire des looks.
Mon plus grand plaisir a été d’avoir mes premières clientes qui n’étaient pas des amis. On a un grand sentiment de fierté de voir quelqu’un qui achète vos fringues ou qui les porte dans la rue.
Quel est l’univers de la collection ?
Personnellement je suis plutôt rock, ce qui se retranscrit sur mes collections. Mais après, c’est plus dans la façon de les porter qu’ils font rock. J’ai des jeans déchirés un peu trash (qu’on peut voir dans Le French ou le Flavour) mais j’ai aussi des tenues plus basiques. Mes clientes peuvent être jeunes, super pointues, modes, super rock. Mais cela peut être aussi une femme d’un certain âge qui vient chercher une pièce différente.
Pour cet été, l’inspiration est un rock très subtil : ce sont des pièces très douces dans des tons pastels mais je voulais montrer qu’on pouvait les trashiser et les rendre vachement rock avec une attitude, un maquillage… Bien sûr, j’ai toujours du noir également dans mes collections.
Côté rock, qu’est ce que tu aimes ?
J’ai eu pour égérie assez longtemps Courtney Love, pas pour sa musique mais pour son style. J’aime ces personnages pas politiquement corrects. Sinon, je suis fan des Red Hot Chili Peppers ou de Ziggy Stardust.
Comment t’es tu lancée dans le sur-mesure ?
J’ai réalisé ma première robe pour une fille qui venait souvent à la boutique. Elle m’a dit qu’elle avait beaucoup de difficultés à trouver une robe de mariée, aussi elle m’a demandé si je pouvais la faire. Je me suis complètement trompée au départ, en vendant la robe moins chère que son coût mais j’ai adoré cette expérience.
Les choses se sont ensuite enchainées rapidement. J’aime bien travailler les robes de mariage, cela permet de participer à un moment heureux.
Désormais, je fais beaucoup de sur mesure pour des robes de mariées ou des cortèges.
D’abord j’essaye de connaitre la cliente : je lui demande de faire des découpages d’inspirations : des images, des photos, des modèles… après on discute beaucoup beaucoup. Je leur propose alors plusieurs sketchs suivis de devis.
Dans tous les cas, j’ai pour habitude de ne pas faire des choses qui ne me plaisent pas. Si je ne suis pas en adéquation avec la personne, je ne lui fais pas sa tenue.
Où réalises-tu la production ?
Pour l’été, les pièces sont légères et les matières exotiques. Je travaille beaucoup avec l’Inde car ils ont l’habitude de travailler ces matières. Je fais réaliser la maille en Chine chez les mêmes fournisseurs que toutes les grandes marques de luxe. Il est désormais quasi-impossible de faire réaliser de la maille en France actuellement. Pour l’enfant, je travaille aussi avec le Portugal.
L’été, on a plus envie de s’acheter des petites pièces pas très chères. Pour proposer de tels prix, il est très difficile de produire en France. Mais pour l’hiver, j’achète les tissus en Italie et je les fais travailler en France ou en Italie.
Dans tous les cas, j’ai un souci extrême de la qualité de mes produits.
Quels sont les autres produits que tu proposes dans ta boutique ?
Je me suis rendue compte que c’était pas mal de proposer autre chose que mes propres créations pour compléter les silhouettes. Je distribue également les chaussures D.Co Copenhagen, les sacs de Mathilde 2C, les bijoux Oritz qui viennent de Londres, des fleurs en soie que je fais réaliser au Brésil, et du prêt-à-porter de Olga de Polga. C’est une anglaise qui fait des pièces d’inspiration Vintage. Elles se mélangent bien à ce que je fais. J’ai aussi quelques pièces de Zoetee’s parce que je ne fais pas de tshirts et je vais rentrer des jeans de LTB : ce sont des jeans qui font de très beaux culs…
Quels sont les créateurs qui t’inspirent ?
Certains créateurs ont un vrai grand talent : je suis très fan de Vivienne Westwood. Elle a un univers très rock’n’roll mais je suis en réalité à des millions de kilomètre de ce qu’elle fait. Je suis fan historiquement de Saint Laurent. J’aime aussi beaucoup Riccardo Tisci qui est en train de faire revivre une maison avec un bel héritage.
Quelles sont tes adresses mode à Paris ?
Je suis très fan d’une boutique de chaussures qui a un vrai joli choix chic, un peu classique mais super élégant : c’est chez Hoze, rue de Poitou. Je suis aussi fan à mort des Jimmy Choo. Je les achète à la boutique de Montaigne : quand la vendeuse ouvre son placard avec toutes ces chaussures, c’est un moment magique !
J’aime beaucoup la boutique Shimji de la rue du Perche dans le Marais, la sélection est hyper pointue, encore plus pointue que l’Eclaireur.
Merci Liza Korn !
Boutique Liza Korn
19 rue Beaurepaire, 75010 Paris
Site web: www.liza-korn.com - Boutique en ligne
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