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Teinturerie littéraire « Au sens propre »

Par Albrizzi
Avenue de Suffren à Paris, Benoît Desaulle a ouvert une teinturerie littéraire baptisée « Au sens propre ». Jusqu’ici, il prêtait des livres, depuis le 15 janvier, il a vendu 96 exemplaires de « L'extraordinaire histoire de Fatima Monsour », de Joanne et Gerry Dryansky, des voisins.
Il a l’habitude de lancer à la cantonade : « Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresque ». Une manière d’affirmer que l’on peut vendre des livres n’importe où. A le voir derrière son comptoir, jongler entre chemises, nappes et manteaux d’un côté, et une immense bibliothèque de l’autre, on veut bien le croire. A la tête de sa teinturerie depuis 2006, d’abord avec un ami, puis seul avant de retrouver une autre actionnaire, il a eu l’idée farfelue et géniale, de proposer des livres à ses clients fidèles. « Mes parents venaient de mourir, et je me suis retrouvé avec une somme d’ouvrages incroyables. Je me suis dit pourquoi ne pas les installer dans mon magasin et en faire profiter les gens ?
Une des raisons du succès tient à « l’absence de librairie à proximité. » Très vite, ses clients lui apportent des livres d’occasion dont ils veulent se débarrasser. De 550, il passe à 1000 titres, dont 800 environ sont exposés. Sur les rayonnages, de nombreuses maisons d’édition sont représentées : des polars « classiques : Harlan Coben, Grisham, », des romans historiques, de la fiction, française et étrangère, même des romances en anglais et un coin jeunesse. « Mon premier prêt fut Peplum d’Amélie Nothomb, et l’un de mes gros succès est L’élégance du hérisson, dès qu’il rentre, il ressort ». Vocabulaire de bibliothécaire, mais gestuelle du militant « On n’arrête pas de dire que les gens ne lisent plus, je pense que c’est faux, encore faut-il savoir aller les chercher là où ils sont». Sa verve ne s’arrête pas là : un jour, Joanne et Gerry Dryansky qui habitent dans le quartier m’ont demandé si je pouvais parler de leur prochain livre ». Banco. Non, seulement, Benoît Desaulle accepte, mais il propose d’en vendre quelques-uns en échange de dédicaces. L’éditrice Héloïse d’Ormesson donne son accord, et lui en vend dix. Un mois plus tard, l’ancien cadre supérieure d’une boîte informatique en a écoulé 96. « Je ne fais pas cela pour l’argent, j’ai à peine gagné deux euros par livre, je sers d’intermédiaire parce que j’aime la littérature. »
En attendant, d’autres éditeurs pourraient être tentés par l’opération «événementielle et qui n’a pas vocation à se répéter pour l’instant.» Anne Carrière, venue en voisine, n’est pas la seule à avoir été bluffée. Ravis, les Dryansky, eux, ont raconté l’histoire à leur ami Douglas Kennedy… l’Américain a immédiatement demandé à rencontrer le quinqua de l’avenue de Suffren. Qui sait, après « La femme du 5ème », son prochain roman pourrait s’appeler « La teinturerie du 7ème ».
« Au sens propre », 31, avenue de Suffren – 75007 Paris – Tél. 01 45 66 80 22 –

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LES COMMENTAIRES (1)

Par marie-José Colet
posté le 30 mai à 13:28
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J'aime tant votre initiative, j'aime quand le monde prendre ce visage. Je suis si fière que vous me rendiez visite sur mon blog. Amitiés sans ivresse mais tant livresques. Marie-José Colet

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