Comme Belzébuth, l'ours, tous les ans à la même période, j'ai besoin d'hiberner. Je ne me mets pas
en pause complète mais mon activité bloguesque se
ralentit nettement, mon activité livresque aussi. Ces trois derniers mois, elle s'est partagée entre deux livres que j'ai lu paresseusement. Ce qui ne m'a pas empêché de les apprécier tous les
deux.
J'ai commencé par l'autobiographie de Barack Obama que j'ai laissé de côté après avoir reçu Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen. Je
dois remercier au passage Guillaume Teisseire de chez Babelio qui s'est donné beaucoup de mal pour que ce livre finisse par me parvenir. Je dois également lui
présenter mes excuses car je crois bien que je suis hors délai pour "rendre ma copie".
Petit résumé : Oskar Huuskonen reçoit de ses paroissiens, un ourson qu'il surnomme Belzéb. Sa femme le quitte, ne supportant plus la cohabitation ni avec
l'animal, ni avec son mari, dont les moeurs et les habitudes sont de plus en plus fantaisistes. Celui-ci batifole pendants quelques temps dans la tanière de l'ours avec la jolie biologiste Sonia
Sammalisto. Puis prend la mer avec l'animal et se retrouve sur une île au Nord de la Russie. Là il y rencontre Tania Mikhaïlova et entame avec elle un périple qui les fait traverser la Russie et
les conduit jusqu'à Southampton, en passant par la Turquie, Malte, la Crète...
Je me suis régalée à lire les aventures du pasteur et de son ours. J'ai trouvé ce voyage à travers l'Europe très réjouissant. Un roman plein de fantaisie, chargé, comme tous les romans de
Paasilinna, d'un message à la fois humaniste et écologiste. Au passage, il tourne en dérision les religions, et se moque de leurs représentants et de leurs rituels. Un livre qui fait du bien, une
ode à la liberté. Complètement irréaliste mais très drôle. Les personnages sont farfelus et hauts en couleurs, les situations complètements loufoques. Un petit bijou d'humour nordique. Des trois
romans de Paasilinna que j'ai lus, celui-ci est mon préféré.
extrait : "Le pasteur Huuskonen s'occupait des cours de cathéchisme. L'ours savait déjà faire avec dextérité des signes de croix et joindre les
pattes, s'agenouiller lever le museau vers les cieux, prendre une mine pieuse et avoir l'air de prier. Il fallait maintenant peaufiner ces gestes et en apprendre d'autres. Oskar enseigna à Belzéb
la lithurgie des principales cérémonies : baptême, mariage et enterrement. L'ours ne pouvait bien sûr pas chanter de cantiques, mais il se balançait avec ferveur au rythme des psalmodies de
son maître.
En plus de ces rites chrétiens, Oskar Huuskonen apprit à Belzéb à se prosterner en direction de La Mecque à la manière des musulmans et lui montra quelques pratiques médiumniques shintoïstes dont
il se trouvait se souvenir. l'ours assimilait le plus souvent avec zèle le langage gestuel des croyants. Quand Huuskonen lui ordonnait de prier, il frémissait de la truffe et mâchillait des
babines. Il prenait avec aisance une Bible entre ses pattes et la feuilletait comme s'il avait su lire l'Evangile."
Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen, Arto Paasilinna, Folio, 363p