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Ennemis publics

Publié le 05 avril 2009 par Claude Grillet

Avec ce billet, je risque de surprendre celles et ceux qui connaissent mes goûts littéraires et surtout le peu de sympathie que je porte aux protagonistes de cette correspondance entre deux des auteurs les plus médiatiques de la scène littéraire française.

C’est précisément l’image donnée par chacun d’eux qui m’a fait  bouder leurs écrits. De Michel Houellebecq, je garde en mémoire une émission qui proposait une improbable rencontre avec Henri Emmanuelli. Son comportement avait tellement exaspéré l’ancien président de l’Assemblée Nationale qu’il avait choisi de quitter l’émission avant son terme. De Bernard-Henri Levy, je conserve le souvenir de ces images assez insoutenables où le défenseur des Droits de l’Homme  menaçait l’entarteur Godin, couché au sol, de lui refaire le portrait à coup de chaussure. Qu’il est donc difficile de résister à la tentation de juger les personnes plutôt que les actes…

Il aura fallu la capacité à susciter l’intérêt de Laurent Blanc - pas le footballeur mais mon libraire - pour que j’accepte d’emporter “Ennemis publics” publié en 2008, par Flammarion et Grasset. Bien m’en a pris puisqu’au fil des lettres, je me passionne pour ces deux personnalités qui méritent tellement mieux que l’image qu’en donne leur seule surface médiatique.

Quand tombent les masques, ces deux phénomènes de la littérature ouvrent portes et fenêtres sur leur enfance, sur leurs références : Schopenhauer et Auguste Comte pour le premier, Sartre et Lévinas, pour le second. On assiste à une confrontation de deux modes de pensée très différents sans que jamais on ait l’impression que l’un des deux puisse et veuille “tuer” l’autre. J’ai été particulièrement touché de la compassion - chère à Houellebecq -  témoignée par  BHL à l’égard de son correspondant,  meurtri par les attaques dont il est l’objet par sa propre mère. Touchant également, l’aveu de l’auteur des particules élémentaires, qui ne tait pas ses souffrances et avoue attendre les lettres de cet autre passionné de Baudelaire comme l’une de ses rares satisfactions.

J’exécrais chez Houellebecq le rien-à-foutisme qu’il semblait afficher comme un étendard. J’exécrais le dandysme de BHL, ses mouvements de mèche , ses chemises blanches et ses airs de donneur de leçon. L’un et l’autre, ne sont pas que ça.  La partie d’échec s’achève sur un pat et sur l’idée que la confrontation rapproche parfois plus qu’elle ne sépare.


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