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Mário de Sá-Carneiro

Par Florence Trocmé

Mário de Sá-Carneiro est né à Lisbonne le 19 mai 1890 dans une famille de la haute bourgeoisie portugaise ; il commence à écrire des poèmes à l’âge de douze ans, à traduire Victor Hugo à quinze ans, Goethe et Schiller à seize. A l’âge de 21 ans,il rencontre Fernando Pessoa  qui deviendra un ami intime ; ils publieront ensemble, avec entre autres le peintre et poète José de Almada Negreiro dans la revue Orpheu, qui promeut le Modernisme dans la culture portugaise durant les premières décennies du xxe siècle. Puis il se rend à Paris où il mène une vie de bohème, suit quelques cours à la Sorbonne et se lie avec une prostituée. Quand il avale de la strychnine le 26 avril 1916, dans un hôtel parisien, il avait publié une pièce de théâtre (Amizade, 1912), des nouvelles (Princípio, 1912), un roman (A Confissão de Lúcio, 1913) et plusieurs recueils de poèmes dès 1915. Une destinée éblouissante que Pessoa résume de manière admirable : « Mário de Sá-Carneiro n’a pas eu de biographie, il n’a eu que du génie. » De la poésie, on peut dire qu’il aura éprouvé les plus vives contradictions, vécu les moments de plus grande angoisse. Son œuvre tourne obsessionnellement autour de la crise de l’identité ; sa poésie, d’une intensité rare, évoque un déchirement perpétuel entre l’attirance pour l’imaginaire intérieur, qu’il sait être sa richesse, et la lucidité presque cynique qui le renvoie à son impossibilité à s’intégrer dans la vie, à l’inévitable et douloureuse solitude du poète. C’est une voix que l’espoir déserte, et qui continue malgré tout à poursuivre courageusement ses visions, consciente qu’elle court au désastre.

Bibliographie en français :
L’Amant sans amant, choix de poèmes, bilingue, traduit du portugais par Dominique Touati et Michel Chandeigne, présentation de Eduardo Prado Coelho. [Paris], Éditions La Différence, « Orphée » n°67, 1991 (épuisé)
Prémices (Princípio, 1912), nouvelles, traduit du portugais et présenté par Jorge Sedas Nunes et Dominique Bussillet. Paris, Éditions La Différence, « Latitudes », 1994
La Confession de Lúcio (A Confissão de Lúcio, 1914), roman, traduit du portugais et préfacé par Dominique Touati. Paris, Éditions La Différence, « Littérature étrangère », 1987, puis 2000
Ciel en feu (Céu em Fogo, 1915), nouvelles, traduit du portugais et préfacé par Jorge Sedas Nunes et Dominique Bussillet. [Paris], Éditions La Différence, « Latitudes » / Fondation Calouste Gulbenkian, 1990
Poésies complètes, traduit du portugais par Dominique Touati et Michel Chandeigne, préface de Teresa Rita Lopes. [Paris], Éditions La Différence, « Littérature étrangère », 1987, puis « Minos », 2007

Contribution de Maxime Durisotti

quelques liens
sur le site de la libraire Compagnie
Une note de lecture sur l’édition Poésies Complètes à la Différence


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