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France-Argentine : Je Lâche Mes Coms.

Par Mélina Loupia
On est à table, et on mange froid. Forcément, on tourne tous les 5 le dos à la fourchette, qui elle, regarde nos joues et quand on se décolle de l'écran pendant la pub, la ratatouille, sur la fourchette, elle est plus que tiédasse. Dès la dernière cuillère de yaourt avalée, mes hommes jouent à X-Men, en un quart de seconde, plus personne autour de la table, juste un léger courant d'air et les assiettes qui se soulèvent.  Je me colle le nettoyage pendant que Copilote, quand même, file à bouffer aux chats et prépare le café. Les enfants sont déjà collés au Placenta (paradoxal), avec les petits voisins. Claire Chazal se casse. Copilote bidouille la configuration de l'ampli pendant que j'apporte les tasses au salon. La surface mousseuse vibre au son des basses de la foule des tribunes qui gronde. J'ai raté le défilé des équipes, paraît que ça valait son pesant de pistaches, moi qui voulais prendre des idées pour carnaval cet hiver. "Ayé, j'ai mis le match en HD et le Dolby, ça va claquer le son dans le canton". Perso, ce qui claque pour le moment, c'est mes dents, c'est pas des basses, c'est des infrabasses qui sortent du caisson. L'hymne argentin se fait entonner par la garde nationale française et là, tout de suite, tu comprends l'enjeu du truc. Les argentins, déjà, c'est des beaux bébés, mais ce qui me surprend, c'est qu'ils ont des oreilles d'humains, eux. En plus, ils ont l'air d'avoir un brasero dans le maillot, ça, ça fout les schpeppes. Même, y en deux, trois qui chialent. C'est pas les soucis, c'est pas la trouille du bleu, c'est l'impatience. La Marseillaise, on connaît la chanson. En Dolby, je découvre des subtilités et des talents cachés aussi. Et des beaux gosses. Parmi eux, j'en vois qu'un. Le plus petit, le plus mimi, le moins cousu. Et même s'il avoue que le stress lui colle des pellicules et que ça fait désordre sur les épaules du maillot, Christophe Dominici, un de ces quatre, je le fous dans ma baignoire et je lui montre comment je suis trop forte en apnée. J'ai raté le coup d'envoi, le café était trop bon, mais sans clope c'est nul et la cartouche était dans Cariolette. Je suis sortie en chaussettes, me suis ruinée la corne du talon, ai marché dans le caca de chat, insulté la faune alentour au passage et quand je suis rentrée, déjà, sur le terrain, la viande s'attendrissait. Des hommes en bleu mixés avec d'autres en rayé turquoise et blanc, des avec des casques de cyclistes, des avec le serre-tête mal mis, des avec des cheveux courts et le sosie de Dave. Quand copilote m'a dit que c'était un français, j'ai dit qu'Amélie Mauresmo aussi, ce qui ne l'empêchait pas de jouer comme une gonzesse. Pendant que je me trouvais très drôle, trois points ont été marqués. Très largement au dessus du poteau transversal. L'arbitre a de la merde dans les yeux et en plus, on entend que lui. Un anglais qui tourne aux amphèts, il couvre les huées du public qui fait " bouh!". Donc, on vient de se prendre 3 points dans les protège-dents. Mais juste après, j'étais trop occupée à lire mes milliards de mails pour hurler comme mon voisin de canapé. Les bleus venaient de copier les autres. Tout à refaire, si c'est comme ça, à la Toussaint, on fait les tirs au but. Après, ça se met les doigts dans le cul, et quand ça les sort, c'est tellement plein de vaseline que ça attrape le ballon, bien, 1 seconde. Très fairplay les petits français. "Putain mais on a qu'à carrément leur donner le ballon et quitter le stade aussi non? -Calme-toi tu vas faire grossir ta veine chéri." Thierry Lacroix, le match, il le commente pas, il le conte.Gilardi, il apprend. Les français ont mis leurs deux mains gauches ce soir, et le vernis des ongles doit pas être sec, ou le ballon pas mort, toujours est-il que ça tombe la balle, ça tombe la balle et ça fait les petits papiers des argentins. Christophe Dominici va bien, mais son copain moins, sa couleur dégorge. On me dit qu'en fait, il s'est pris un méchant coup de griffe d'un puma et je dis qu'il faudrait songer à fermer les zoos ce soir que c'est inadmissible de laisser des animaux se balader le vendredi soir dans Paris. Un qui sort. Puis deux, lui, il s'est pris une béquille et l'infirmière barbue lui tartine la cuisse de sauce mayo comme dans les Mc Do. Quand je m'en prends une, de béquille, je fais pas tout ce cinéma. Le compteur argentin décolle, le nôtre est bloqué. L'arbitre finira par claquer sur le terrain à force de faire l'essuie-glace sur la gazon et de frôler les 100db à chaque "Get away". Mais bon, il dit pas "fuck". Encore un ou deux tampons pour les Barbie© bleues, des passes de tango argentin et tout le monde dans le bureau du chef au rapport. Ici, pendant que Zizou s'en met plein la tirelire Orange, je passe l'éponge magique sur la table du salon, Copilote a touillé son café en touche, comme d'habitude. Jérémy nous déclare foutus, Nicolas ronfle comme un bienheureux et Arnaud démonte la PSP de son frère. Quand les deux troupeaux sortent de la bergerie, les gueules sont basses.Bernard Laporte leur a parlé du pays, de la douceur de vivre et des meilleurs scores au flipper. Il a invité Victor le Nettoyeur de pelouse qui fait voler sa houppelande avant de se manger le sol. Après ça, elle fait moins sa maligne, la Cromagnonne. Moi je m'en fous, tant qu'on touche pas à MON Christophe Dominici, les autres, ils peuvent s'arracher les tripes. "Tiens Michalak, le beau gosse. -On dirait Alf épilé." Pendant que le Haggis fait sa loi sans les sous-titres, derrière, c'est le Kâma-Sûtra gay. Si y avait pas les protège-râteliers, ça se ferait des bisous avec la langue. "J'ai toujours pas vu de testicules tenter de s'évader des shorts. -Maman... -Quoi? Si ça jouait pas comme des Jeannettes, on en verrai valser des bollocks, c'est moi qui te le dis." Pendant que les maillots se salissent, je repense à l'entrée des artistes qu'ont fait semblant de pas voir la Webb Ellis Cup et qui du coup, on pas pisté qu'elle était pas droite sur son socle, la coupe. Moi, ça me perturbe le transit, comme les cadres sur les murs, si c'est pas droit, même si je suis pas chez moi, je me lève, je sors le niveau et je t'aligne tout ça. Là, juste je suis loin, sinon, ça serait réglé depuis le début cette affaire. " 12 à 17, reste que 10 minutes putain. -Oué, c'est ce que j'étais en train de me dire tout bas, comme Jérémy est là." En fait, depuis le début du ballet, je brûle de honte de demander combien de temps ça dure la choré, s'il faut voter pendant la pub ou comment fait Michalak pour signer chaque Burger en étant sur le terrain, que c'est pas marqué "en direct" sur l'écran et si quelqu'un a vu Les Feux De L'Amour cet aprèm. La viande est cuite. L'arbitre s'entraîne pour la Gay Pride avec son sifflet et je trouve qu'ils ont les tétons qui pointent les argentins. Des fois, il veut chanter Mika, il dit "Relax!", mais pas le temps de reprendre "Take it eaaaaaaaaaaaaaaaaaasy" que déjà, y a maillade. Maintenant, Dave ressemble à Jean-Pierre François, le brushing est explosé.Fabien Pelous se ronge les ongles et se demande s'il y aura assez de Skip pour ravoir tout ça. Ses copains crachent leurs clopes, ça se passe les mains sur la tête, ça en peut plus, ça va dormir comme une masse tout ça ce soir, à Marcoussis. Je rallume une clope, je me dis que tirer entre les deux poteaux à 50.5 mètres, c'est entièrement dû au dopage, mais je dis ça parce que je suis en colère, MON Christophe vient de se faire étrangler par un puma. "Mais t'inquiète, il avait pas l'intention de le tuer hein, c'est amical. -Oué, un peu comme un coup de boule au foot. -Voilà." Bernard Laporte a fait une descente en touche, les bras croisés, la feignasse. Les bleus courent à petites foulées, comme autour du Bois de Boulogne. L'arbitre siffle une fois, deux fois, trois fois, adjugé, perdu. On prend un point bonus, on s'est bien conduit? Ils ont aussi fait la pub pour la MAAF? Les joueurs font enfin leur coming-out, ça se fait des papillons dans le dos, ça se sent sous les bras, ça enlève enfin le protège dents pour se rouler les pelles et mettre la langue pour de vrai. Premiers baisers, échangés, sur un stade, en été... Je suis née au pays du XIII, j'ai vécu dans le pays des dragons catalans et j'avoue tout, si j'aime mater la viande sauter dans le chaudron, je pane rien à la recette. "Tain, quand je pense que j'ai fait ma 1ère au lycée avec Marc Lièvremont... -Tain et t'es pas foutue de comprendre les règles du jeu? -Non. -Tu les lui as jamais demandées? -Non. -Pourquoi? -Juste le mec, déjà à l'époque, il faisait 100 bombes, ses avant-bras, c'était mes deux cuisses, déjà. Et en plus, un jour, genre le deuxième jour de la rentrée, on était en cours d'éco, avec Monsieur Chambeu, je commente la propension des ménages à épargner et là, il lâche: "Efti, ferme ta gueule, on est encore en vacances." -Ah déjà tu fais ta lèche deux jours après la rentrée toi aussi. -Oué, et en plus, le prof, il m'a pas défendue, vas savoir pourquoi. Donc depuis, le rugby, si c'est pas Dominici qui m'explique les règles, je ferme ma gueule. -Tu vas me dire aussi que c'est pour ça que t'as quitté le lycée peu de temps après, et la ville, et le département? -Oué, parfaitement, besoin d'exil." Tiens, c'est la pub, oh, mais qui c'est? Pub Christophe Dominici pour head and shoulders envoyé par Grand_schtroumpf_83

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