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Jim Harrison : "Retour en terre"

Par Schlabaya
Jim Harrison : Le mot de l'éditeur : "Donald, métis Chippewa-Finnois de 45 ans, souffre d'une sclérose en plaques. Prenant conscience que personne ne sera capable de transmettre à ses enfants l'histoire de leur famille après sa mort, il commence à la dicter à sa femme Cynthia. Il dévoile ainsi, entre autres, sa relation à un héritage spirituel unique et l'installation de ses aïeux dans le Michigan voilà trois générations. Pendant ce temps, autour de lui, ses proches luttent pour l'accompagner vers la mort avec la dignité qui l'a caractérisé toute sa vie. Jim Harrison écrit sur le coeur de ce pays comme personne, sur le pouvoir cicatrisant de la Nature, le lien profond entre la sensualité et le spirituel et les plaisirs qui élèvent la vie jusqu'au sublime."
Ce roman m'a été chaudement recommandé par mon père (en d'autres termes : il m'a tannée jusqu'à ce que je le lise). L'histoire, qui tient un peu du conte initiatique, est celle d'un homme d'âge mûr, Donald, gravement malade, qui se sait en fin de vie. Il doit non seulement se préparer à affronter la mort, mais encore faire accepter cette ultime séparation à ses proches : sa vieille tante Flower, sa femme Cynthia, leurs enfants Herald et Clare, David, le frère de Cynthia, Polly l'épouse de celui-ci, et leurs enfants "K"  (Kenneth) et Rachel. Pour certains d'entre eux, le deuil sera particulièrement difficile à surmonter, et il leur faudra se remémorer les paroles de Donald, continuer à l'aimer par-delà la mort tout en acceptant de le laisser partir. Mais comment opposer au mystère de la mort une explication à la fois rassurante et satisfaisante ? Un Nord-Américain d'aujourd'hui, imprégné de matérialisme et vouant un culte irraisonné au rationalisme, peut-il  faire sienne une sagesse ancestrale héritée des croyances indiennes ?
Le titre du roman "Retour en terre", peut se décrypter de trois manières. Après la mort, il est d'usage que le corps retourne à la terre. Ainsi Donald, à sa demande, est-il enterré, entièrement nu, dans un lieu bien précis, après avoir reçu une injection létale. Mais il s'agit également d'un retour vers une terre en particulier, un lieu où Donald, bien des années auparavant, a vécu une expérience mystique lors d'un jeûne rituel. Enfin, on peut l'interpréter comme le retour à la Terre-Mère, puisque la spiritualité indienne affirme l'appartenance de tous les êtres vivants à un même tout. C'est ce en quoi croyait Donald, et sans doute a-t-il trop attendu avant de transmettre cet héritage à ceux qu'il aimait. Avant et après son décès, ses proches seront tourmentés par la tension entre deux civilisations, deux modes de vie et deux échelles de valeurs difficilement conciliables. C'est en tournant le dos au dualisme occidental (c'est-à-dire à la scission entre le
matériel et le spirituel) que les personnages du "Retour en terre" parviennent à se réconcilier avec l'idée de la mort, et donc avec la vie. Ce beau roman de Jim Harrison nous invite à repenser notre rapport au monde,  à accepter notre animalité comme la marque de l'identité fondamentale du vivant, et, loin de l'écologie de salon, plaide pour un retour à la nature et à la simplicité.
D'autres avis : Miss Orchidée, Estampilles, Frank Suzanne, Bernard
Jim Harrison a également publié "De Marquette à Veracruz"


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