L’exposition des photos de Mika Rottenberg à la Galerie Laurent Godin se termine dans trois jours, mais vous avez jusqu’au 3 mai pour aller voir ses sculptures-installations-vidéos à la Maison Rouge. La première installation, Dough, consiste en un parcours dans une structure qui évoque l’espace présenté dans la vidéo projetée au sein de l’installation même; c’est un univers confiné, quasi
concentrationnaire, où des ouvrières en blouse fabriquent de la pâte, laquelle circule dans l’édifice de cellule en cellule. Une des ouvrières, obèse, humidifie la pâte avec sa sueur. C’est à la fois fascinant et répugnant, métaphore du monde du travail, de la prison, de l’exploitation, où la féminité est domptée, soumise, mais déborde néanmoins de partout. C’est une chaîne de production absurde, qui évoque Crumb ou Der Lauf der Dinge plutôt qu’Henry Ford. La goutte d’eau qui tombe au sol et s’évapore vous fait soudain un effet étrange.
C’est aussi de la sueur utile qui est au centre de Tropical Breeze, installation de production de lingettes aromatisées à la sueur citronnée d’une femme camionneur culturiste : jolie juxtaposition de mots aussi absurde que le processus de production des dites lingettes, critique par la dérision de la consommation.

A la Maison Rouge, voir aussi l’exposition, plus instructive que séduisante, sur Warhol TV, et l’installation poétique de Marie Denis dans le patio.
Ce blog va tourner un peu au ralenti jusqu’à fin mai, pour des raisons tant familiales que laborieuses. J’espère que vous y resterez néanmoins fidèles, à moins que vous n’obéissiez au mot d’ordre de boycott du Monde et de toutes les activités associées (dont ce blog, donc), lancé par des enseignants-chercheurs grévistes mécontents du peu de sympathie dont fait preuve, à leurs yeux, Le Monde pour leur mouvement.
Photo 2 courtoisie Galerie Laurent Godin.
