Magazine Culture

EOL Trio : Canada & USA Tour + vidéo

Publié le 09 avril 2009 par Danydan

Après la mort accidentelle du pianiste Esbjörn Svensson du trio Suèdois EST d'un accident de plongée, cette formule de trio Jazz très cultivé mais ouvert aux violences rock ou aux expérimentations électroniques et aux samples se perpétue avec le trio EOL des trois frères Denis (fender rhodes), Laurent (basse) et Xavier Girard (batterie), répondent à la question : « Que se passerait-il si Radiohead jammait avec Herbie Hancock ? ». Consacrés « Talents Jazz à Vienne » en 2004, finalistes « Tremplins du Sunside » en 2006, « Coups de c?ur » à Nice en 2008, ils ont sorti leur premier album « Mister K » en 2008, suivi une tournée au Canada et aux USA, dont ils viennent de sortir le disque.

« Club », qui ouvrait l'album, commence par un piano romantique, puis la batterie se fait drum'n'bass sur le groove de la basse, un groove plus touffu, plus plein que celui d'EST, grâce au passage du piano au fender rhodes, qui se fait transe orientale sur la basse plus lourde dans ses arpèges jusqu'au bout des touches sur la batterie plus broken, puis part gaiement vers le final plus calme. « Day Dreamer » est plus inquiètent, servi par les samples de Mod X extraits d'un Big Brother de 1984, « Prisonnier » ou « Soleil Vert », ou un rêveur défend son rêve contre une femme qui le traite « simple d'esprit », puis de « réellement fou » parce qu'il aime son rêve autour de nappes de rhodes dont la marée le submerge ou le souligne sur une batterie broken.

SXSW 2009 Music Video : Eol Trio - Club

EOL n'est pas qu'une initiale, il ouvre ses ailes au vent du dieu grec « Eole », thème rapide sur la batterie broken et la basse groove qui en effet file comme le vent sur la terre, annonçant bouleversements climatiques et catastrophes, balayant tout sur son passage, puis retournant dans sa boîte de Pandore qu'on entend se fermer à la dernière note. « Hybrid Marmelade » commence plus electro, puis marque le pas en reggae au milieu des effets de vagues électroniques du fender rhodes comme une monstrueuse machine doublant les touches : un Jazz hybride, mutant, du XXième siècle, plus qu' EST ne l'était, qui n'arrivait à l'electro qu'en fin de titres. Ici tous les instruments sont électroniquement modifiés. « Mister K » commence en dub sur un piano inquiétant, une batterie plus naturelle cinglant le tempo de ses breaks, une basse plus appuyée dans ses lignes, puis, la mélodie ébauchée, le fender orgue part ailleurs, retrouve le tempo dub sur la battement latine pour le solo de basse. C'est peut-être le titre le plus « Jazz » dans sa construction, où l'on mesure le plus les modifications sonores. Le fender rhodes double/triple les effets, les échos de l'acoustique sur la batterie de plus en plus drum'n'bass, avec un son de plus en plus modifié dans l'aigre et l'aigu, à la manière du Xénofon de Bojan Z, puis retrouvant la chaleur de l'orgue.

« Nature Boy » est le seul standard de l'album comme à la scène. On y découvre un autre instrument à vent, saxophone soprano ou mélodica oriental, gémissant, en duo avec un piano désertique au son naturel, souffleur qui finit par énoncer le thème rendu célèbre par Nat King Cole. Le piano le reprend sur des frottements de batterie à la EST. Puis le saxophone se fait flûte, souffle naturel, kaval arménien dont le vibrato naturel du son s'allie au fender rhodes de la douceur à la sauvagerie d'effets presque criés. La version la plus « trad » que j'ai entendue de ce standard, un peu à la Tigran Hamasyan.

« Paris Barcelone » est à nouveau calme, acoustique, voyage immobile sur la basse et la batterie frottée avec juste le souffle/frottement de l'air et de la vitesse sur le train ou l'avion reproduit par l'électronique.

« Stones Washed » est le titre le plus Rock dès l'intro par son tempo plus violent sur trois temps de basse où l'orgue avance lentement en Reggae sur le breakbeat de la batterie et les deux coups de basse en écho. Quelque chose d'inquiétant s'y trame dans l'orgue à la Procol Harum qui va éclater et finalement se calme avant l'explosion pour partir en groove à la Herbie Hancock puis s'élève pour une autre montée jusqu'au motif rythmique qui se finit en écho final.

Ce Jazz électroniquement modifié est émouvant et intéressant, pour les fans d'EST qui voudraient aller plus loin dans leurs recherches, de Jazz ou d'électro, porté de bons thèmes et un vrai son de groupe, que vous connaissiez l'album d'EOL ou les découvriez par ce Live.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Danydan 375 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines