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La mort de Pierre Peuchmaurd

Par Florence Trocmé

Pierre Peuchmaurd est mort le 12 avril 2009 des suites d’une longue et foutue maladie. Sa discrétion ne l’empêchait pas d’être tenu par quelques-uns pour l’un des plus grands poètes français actuels.
(Laurent Albarracin)

Elle viendra par le poumon gauche

Elle viendra par le poumon gauche
D’abord ce sera plus chaud
et ça irradiera,
je dirai que ça ira.
Ce sera comme la neige –
je déteste la neige –
comme une gorgée de café
quand le cœur n’en veut pas.
Et puis je refuserai.
De quelle taille le refus ?
Plus qu’une rose, moins qu’une rose ?
C’est comme ça qu’on compte
quand il y a cette écume,
tout ce joli sang rose
qui vous remonte aux lèvres.
On compte en oiseaux,
en cerceaux sur le pré,
en ruisseaux dans l’été
et en éternités.
On compte sur les doigts des femmes
et les cheveux des bêtes
qui ne tombent jamais dans le lavabo,
on compte sur le beau temps
qui vous ouvre la gorge.
Elles, comme on va mourir,
elles nous ouvrent leurs robes –
on y compte.
Et comme on va partir,
elles nous laissent leur adresse
et le soir les emporte
et on va dans les bois
où il y a l’hôpital.

(extrait de Parfaits dommages et autres achèvements, éditions L’Oie de Cravan)

Né à Paris en 1948, Pierre Peuchmaurd a participé à de nombreuses revues et collectifs. Citons parmi ceux-ci les éditions Maintenant, les éditions Toril, la revue Le Cerceau, les éditions Myrddin qu’il fonda en 1990 et anima jusqu’en 2008. Sa vie fut entièrement passionnée par la poésie et le surréalisme. Extrait d’un entretien avec Olivier Hobé (revue Quimper est poésie) :
« O.H. : Quels furent vos liens avec le surréalisme ? Quels sont-ils encore aujourd'hui ?
P.P. : Immédiats, définitifs, non exclusifs. Je vous l'ai dit, tout a commencé avec Nadja - ce qui n'est pas très original - et ça n'a jamais cessé, cette chose-là ne peut pas cesser. Une brève rencontre avec Breton a illuminé mes seize ans. Plus tard, après 1968, ma « trajectoire » a croisé celle du groupe surréaliste au moment où il cessait d'être, laissant place à une diaspora dans laquelle je me suis toujours situé, et aujourd'hui encore la plupart de mes amis viennent de là. Non exclusifs, cependant, ces rapports, en partie parce que le surréalisme en tant qu'activité collective n'existait plus, mais surtout en raison d'un éclectisme assez grand qui m'a fait chercher la poésie (la vie) partout où elle se trouvait et non pas dans un « milieu ». Mais enfin, oui, le surréalisme a été, reste une des passions de ma vie, et certainement son axe moral. »

Parmi les derniers livres publiés ou à paraître :
Le Tigre et la chose signifiée (L’Escampette, Chauvigny, 2006)
Le moineau par les cornes (Fatigues III) – illustré par Jean Terrossian (Pierre Mainard, Nérac, 2007)
Scintillants squelettes de rosée – couverture illustrée par Antoine Peuchmaurd (Simili Sky, Saint-Ouen, 2007)
Parfaits dommages et autres achèvements – avec dix photographies de Nicole Espagnol (L’Oie de Cravan, Montréal, 2007)
La Nature chez elle – sur des images de Jean-Pierre Paraggio (Collection de l’Umbo, Annemasse, 2008)
Le Pied à l’encrier (Les Loups sont fâchés, Paris, 2009)
Le Papier (Le Cadran ligné, Saint-Clément, 2009)
Histoire du Moyen-âge – illustré par Georges-Henri Morin (Les éditions de surcroît, Lyon, 2009)

On pourra consulter :
http://pierre.campion2.free.fr/albarracin_peuchmaurd.htm

Contribution de Laurent Albarracin


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