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Faut-il rajeunir l’image de la musique classique? (partie 2)

Par Dablemont

strasbourg_furtwaengler_1932_programmeDans le premier volet de Faut-il rajeunir l’image de la musique classique?, nous avons parlé de la tenue au concert. Aujourd’hui je vous propose de discuter de la programmation. Une bonne programmation, c’est essentiel. Pourtant entendre les mêmes œuvres toute l’année partout dans le monde n’est-il pas fatiguant? Loi du marché, nous répondent les organisateurs et les agents, il faut jouer ce que le public veut entendre. Mais si on ne fait rien découvrir au public, il ne voudra jamais rien d’autre. Et comme le public ne peut pas connaître tout le répertoire, on retrouve toujours les mêmes œuvres dans la plupart des programmes.

Pour commencer, un mot de Maurizio Pollini « Les gens qui viennent au concert s’occupent pendant la journée de toute autre chose que de musique. Ce n’est donc pas eux de décider de ce que l’on joue ou pas ». Il faut jouer ce que le public veut entendre? Non, construire un programme est un art et s’apprend. Un programme, en laissant faire la “loi du marché”, ressemble plus à un pot-pourri des sempiternels hits de la musique classique qu’à un programme logiquement établi.

De nos jours, il y a le concept révolutionnaire du crossover, révolutionnaire car sous couvert d’un mot “technique” anglais il s’agit simplement de faire cohabiter différents styles dans le même concert. Prenez par exemple une grande chanteuse, faites-lui chanter Haendel, Fauré en intercalant quelques arrangements de Norah Jones ou des Beatles. Tout simplement stupide: autant demander au plombier de refaire notre charpente. Musiciens classiques, nous ne sommes pas formés pour cela et ne sommes capables que de donner des versions ridicules ou pompeuses de ce genre de musiques.

Au lieu de nous faire faire ce dont nous ne sommes pas capables, ou de décérébrer nos programmes, il serait intéressant de noter que la programmation d’œuvres contemporaines est toujours un succès auprès de publics qui sont peu ou pas habitués au concert classique. Élargissement du public pourrait-il rimer avec mise à jour de la programmation? Ne devrait-on pas enfin faire cohabiter habituellement et durablement Chopin et Boulez, Beethoven et Murail pour le plus grand plaisir de tous? La musique de notre temps a montré plus d’une fois qu’elle savait attirer les jeunes publics!

Être vieux c’est dans la tête. La programmation n’a pas besoin d’un lifting, elle a simplement besoin qu’on arrête de la vieillir volontairement. La musique classique est vivante et ses forces sont intactes, mais à force de trop vivre dans le passé, elle apparait vieille et moribonde. A nous, interprètes, de refuser de se laisser enfermer dans un carcan et de développer notre chemin artistique, sans faire de la programmation un outil de recherche de gloriole éphémère.


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