Il est de bon ton d'applaudir des deux mains lorsqu'un sujet potentiellement putassier est traité avec une retenue inattendue. Alors bravo à Anne Le Ny, qui pour son premier film a su trouver le ton juste et raconter une histoire d'hôpital sans jouer la carte du misérabilisme et des violons. Ceux qui restent se focalise sur les proches des malades, et eux uniquement, qui souffrent en silence, convaincus que se plaindre de leur sort serait indécent vu ce que subissent les autres. Le Ny organise la rencontre de deux êtres paumés, à la recherche d'une épaule et d'une paire d'oreilles. C'est là qu'un petit miracle se produit : elle parvient à parler de métastases et d'anus artificiels sans que cela provoque hilarité idiote ou pleurnicheries de la ménagère.
Si elle évite en permanence les écueils du genre, Anne Le Ny n'a cependant rien d'une cinéaste frileuse : derrière son postulat, Ceux qui restent a une vraie histoire à raconter. Ce qui aurait pu n'être qu'un film d'auteur pour public averti devient alors un film âpre et poignant, capable de chambouler tout un chacun. La réalisatrice doit beaucoup à son couple vedette : après La moustache, Devos et Lindon montrent à nouveau leur parfaite entente, à l'origine de la réussite relative du film. Relative car au bout du compte, quelques facilités (la soeur fâchée, la belle-fille à problèmes) et un léger sentiment d'inabouti empêchent Ceux qui restent de laisser une empreinte définitive dans le coeur de ses spectateurs.
7/10