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C''est-y de l''art ou du cochon ? Andy Warhol

Publié le 15 avril 2009 par Franzie


Première partie
Par un beau samedi de printemps, je sors à midi de l’expo Andy Warhol à Paris…
Pas vraiment bouleversifié je dois-dire. Non, plutôt avec le sourire. Le sourire en coin du mec qui vient de se faire gentiment berluré par un malin dont les tours de passe-passe néanmoins amusent.
Quand même. Malaise Blaise ! C’est-y de l’art tout ça, du grand Art ? Parce que ça s’intitule : « Le grand monde d’Andy Warhol » tout de même ; abrité par le grand Palais en plus. Mazette !
C’est marrant, même après 40 à 50 ans de vieillissement en fûts de chêne, c’est pas l’impression que ça fait d’être vraiment de l’art. C’est peut-être parce qu’on a l’habitude de voir ce genre de trucs plutôt dans les boutiques de posters ; alors forcément, à force on prend ça à la rigolade ?
Je m’engueule intérieurement : « Vieux con, p’tit bourge. » je me dis. Avant d’être aussi catégorique à partir d’une impression faut se rencarder. Ce que j’ai fait en lisant le lourd catalogue de l’expo (367 pages), et d’autres trucs encore…
Alain Cueff rappelle dans le dit catalogue qu’Andy s’auto-proclamait « profondément superficiel ». On aura compris à travers ce slogan à la Ségala, et racheté depuis par Lagerfeld dans sa variante : « Je suis superficiel avec une grande superficie. », que la com a ici toute son importance.
C’est que le Warhol était un homme de pub et ses canards, comme Interview magazine par exemple, lui ont souvent tenu lieu de hall d’exposition. Il a, dit-on, toujours nié la frontière entre l’art et la pub.
Mais on est pas obligé d’être d’accord. Moi je pense que la com et l’art c’est pas pareil. La pub est à l’art, ce que la musique militaire est à la musique, un moyen de mettre tout le monde au pas. Le contraire de l’art. Mais bon…
Alors, c’est-y de l’art oui ou non tout ce mélange pub-art, pur beurre ? S’agissant des « Portraits of the 70’s », d’après un critique de l’époque comme Hilton Kramer, c’en était pas.
Et je m’y retrouve bien dans ce qu’il en disait ce mec. Mêmes impressions : « Lucratifs exercices de dérision. » « Banals clichés altérés par l’application insouciante de couleurs décoratives. »
Faut dire pour expliquer que Warhol a été le peintre des étoiles… Pas celles du ciel, qu’il est con ! Poète va. Les vraies, les stars, les célébrités ou aspirants à la célébrité. Pipoles pipos mis en images comme des bouteilles de Coca, ou des boites de soupe. Tout ça c’est pareil, disait Warhol : "tout est portrait chez moi." Allez, packagez-moi le packaging jeune homme, obtenez-moi l’image de mon image. Et c’est du boulot ! Car se faire tirer le portait par Jean-Andy, dandy manché, revient à se faire tirer. Attention ! Tout est dans la retouche, dans un cosmétique de l’ombre qui préfigure photoshop et la chirurgie esthétique à grande échelle. Aux chiottes Soutine, tu nous bassines avec tes disgrâces qui rendent de l’âme. On veut du lisse au contraire, faut que ça glisse si tu veux dupliquer en masse. Andy, acteur starisé d’une certaine vie newyorkaise ne rechigne pas d'ailleurs à se dupliquer lui-même, chimiquement corrigé en pédale Wawa féminisée ou en War hole (je sais ce genre de calembours ne m'honore pas.)
Oui mais c’est de l’art ou pas ?
Dans l’intention, dans l’esprit de celui qui se sent être un artiste, peut-être ? Mais pas, à mon sens, dans le résultat. Processus, ingrédients, machines à reproduire, ce que fait Warhol relève plus de la fabrication que de l’œuvre. Il y manque l’emprunte attachante d’une main directement reliée au cœur et à l’esprit, sans laquelle l’art n’est que l’ombre de lui même. Ce qui émotionne devant une gravure rupestre ce n’est pas le mammouth ; c’est qu’on se dit : comment un mec à front bas vivant dans une caverne a pu avec sa grosse paluche poilue dessiner aussi finement ce qu’il avait dans le cœur, que toi t’y arriverais même pas ? Ce qui chamboule dans l'art, c’est qu’on se trouve en présence de l’Humanité. Or, dans humain il y a main, tu piges ?
Ainsi quand Christine Albanel, sollicitée en introduction du catalogue, écrit à propos des portraits de Warhol : « Où est l’être derrière l’image, dont la démultiplication nous montre finalement la vacuité ? », j’ajoute : « Et où est l’artiste, derrière le photomaton ? »
Certains pourtant reconnaissent en Warhol l’un des maîtres du pop art. Et dans pop art il y a art. Comme dans modern art, et peut-être aussi comme dans bob art. On va chercher du côté de gens qui ont réfléchi et écrit là-dessus, des pointures genre Cynthia Freeland ou Bernard Lafargue...

A suivre bientôt dans :
C’est-y de l’art ou du cochon ? Andy Warhol 2ème partie.


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