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Sequels

Publié le 10 septembre 2007 par Eric Viennot

Sequels1 Pour la presse spécialisée, établir la liste des nouveautés de fin d’année est l’un des marronniers incontournables de la rentrée. Chacun spécule sur ce qui sera LE JEU de l’année car 80% des blockbusters de l’industrie sont lancés entre septembre et janvier. Jeux vidéo magazine (j'aime bien ce magazine parce qu’il offre un panorama complet des différentes plateformes et parce qu'il tente de manière pédagogique d’amener le grand public vers des jeux exigeants - cf Okami) JV Mag donc n’échappe pas à la règle. Dans son numéro d’août (daté septembre), il a publié un petit supplément qui référence une liste de 170 jeux à venir. En feuilletant cette liste, j’ai été pris d’un certain malaise.

En voici quelques extraits, vous allez vite comprendre : Burnout 5, Gran Turismo 5, Moto GP’07, PES 2008, Fifa 08, NBA 2008, Top Spin 3, GTA IV, Devil May Cry 4, Resident Evil 5, Silent Hill 5, Metroid Prime 3, Splinter Cell 5, Soul Calibur IV, Tekken 6, Time Crisis 4, Virtua Fighter 5, MGS 4, Call of Duty 4, Final Fantasy XIII, Halo 3, Fallout 3, Unreal tournament 3, Empire Earth III, Guitar Hero III, Alone in the Dark 5, Ace Combat 6, Call of Duty 4, Ratchet et Clank 5, Experience 112 (non lui, malgré les apparences, c’est une vraie nouveauté  !). C’est simple, quand on cumule les suites, les séries, les suites de séries à la Nintendo, les adaptations de films ou de séries TV, sur 170 jeux à venir, il ne reste seulement qu’une cinquantaine de vraies nouveautés dont plusieurs d’ailleurs ne sortiront qu’en 2008. Paradoxe : depuis 5 ou 6 ans, l’industrie vidéoludique ne s’est jamais aussi bien portée. Les ventes sont en forte augmentation*, boostées par l’arrivée des nouvelles consoles (notamment la DS et la X360 arrivées à maturité). L’industrie du jeu vidéo dépassera cette année celle de la musique, après avoir dépassé celle du cinéma il y a quelques années. En même temps, lancer de nouvelles marques est devenu de plus en plus risqué. Les coûts de développement ont considérablement augmenté avec l’arrivée des consoles next gen. Les sommes investies, tant en production qu’en marketing, sont telles, qu’un éditeur est obligé de limiter au maximum les risques d’échec.
Les grosses nouveautés de cette fin d’année (Assassin’s creed, Crysis, Mass Effect, The Witcher, …) ont tous les atouts pour devenir de gros hits. Tous ne peuvent être que d’excellents jeux, qui seront récompensés (sauf grosse surprise) dans la presse spécialisée par de très bonnes notes. Mais parmi ces nouveautés, blockbusters en puissance, programmés de longue date, rares sont ceux qui apportent un sentiment de fraîcheur et de véritable renouveau. Je dois avouer qu’il y a des jours où le créateur d’In Memoriam se sent un peu seul… A part de rares exceptions comme Little Big Planet, Eternal Sonata, Naruto, on est plutôt dans la surenchère technologique (gameplay de foule, effets spéciaux hallucinants de réalisme – l’eau pour Bioshock, le feu pour Far Cry 2, les végétaux physiqués pour Crysis). Ces jeux sont l’expression d’un médium arrivé à maturité. Pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur c’est BioShock, qui réussit le tour de force de réunir un scénario et un univers très adulte, une direction artistique originale et cohérente, une ergonomie quasi parfaite, un gameplay narratif très ouvert, poussant à son excellence, après des titres comme Stalker ou Dark of Messiah, le genre assez peu exploré du FPS/RPG. De quoi ravir une grande majorité de joueurs. Le pire, en tous cas le plus inquiétant pour les producteurs indépendants : plus la technologie avance, moins il semble y avoir de place pour l’innovation, la prise de risque et l’originalité.

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A ce sujet, il est à noter que BioShock, porté par la ténacité et la vision de son créateur Ken Levine, a réussi à éviter la moulinette des services marketing sans quoi il ne serait sans doute pas sorti dans sa forme actuelle. (Tellement persuadé que le jeu allait se planter commercialement, son éditeur a laissé semble-t-il beaucoup de liberté aux développeurs… Comme quoi…). Bioshock prouve heureusement qu’il est encore possible de créer des blockbusters d’auteur. Au milieu des suites calibrées comme des boites de haricots verts extra-fins, un titre comme celui-ci fait du bien. Mais cette bonne surprise est trop rare pour être vraiment rassurante. Ces deux dernières années, ce n’est pas un hasard si les créations les plus étonnantes sont sorties sur DS où les coûts de production plus faibles permettent encore certaines prises de risque. Mais pour combien de temps ?

* Cf les derniers chiffres donnés par le Sell (syndicat des éditeurs) sur son site.

Illustration 1 : Brothers In Arms, Hell's Highway (sortie prévue en Novembre).
Illustration 2 : BioShock.


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